Trois jeunes activistes torturés en prison
Afonso Matias, Albano Bingo et Benedito Jeremias sont des activistes de Central Angola 7311 et de Movimento Revolucionario Angolano, deux mouvements de jeunes prônant l’alternance politique démocratique en Angola. Ils ont été torturés en prison début octobre 2015.
Le 14 octobre 2015, en pleine nuit, Afonso Matias et Albano Bingo, en détention depuis le 20 juin 2015, ont été transférés de l’hôpital de la prison Cadeia de Sao Paulo à la prison Comarca Central - toutes eux situés à Luanda - alors que les transferts de nuit sont normalement interdits. Lorsqu’Afonso Matias s’est plaint de sa nouvelle cellule, surpeuplée et de son manque d’hygiène, il a été passé à tabac par des gardes de la prison.
Le 9 octobre, Benedito Jeremias et Albano Bingo ont subi des violences physiques dans la prison Cadeia de Sao Paulo après avoir protesté, avec d’autres camarades, en tapant sur les grilles de la prison, contre le fait qu’ils n’étaient pas autorisés à parler aux autres prisonniers pendant les heures de promenade. Les deux jeunes ont été tirés dans la cour, déshabillés, frappés avec une extrême violence par 15 à 20 gardiens, notamment avec une matraque électrique, tandis que d’autres gardes pointaient des armes sur eux.
Les deux jeunes activistes sont sérieusement blessés. Certaines de leurs blessures se sont infectées faute de soins médicaux, notamment Albano Bingo qui souffre d’une grave infection à la jambe.
Contexte
Répression contre des jeunes activistes politiques
Ces trois jeunes sont en détention provisoire depuis le 20 juin 2015, date à laquelle ils ont été arrêtés, avec onze autres camarades, sans mandat d’arrêt, au domicile du rappeur Luaty Beirão, dans les environs de Luanda. Ils participaient à un atelier de réflexion sur les stratégies pacifiques de protestation contre le régime du Président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979. Leur détention provisoire est devenue illégale le 20 septembre 2015, au terme de 90 jours de détention sans inculpation. Ce n’est que le 5 octobre - soit deux semaines plus tard - qu’ils ont été officiellement informés qu’ils étaient inculpés de « préparation d’une rébellion » et de « tentative de coup d’État ». Ces infractions, relevant de l’atteinte à la sûreté de l’État, sont passibles de trois ans d’emprisonnement. Or, se réunir pacifiquement afin de discuter d’un moyen pacifique pour favoriser l’alternance démocratique dans un pays ne constitue pas un crime selon le droit angolais et international.
Une frange de la jeunesse contestataire
Central Angola 7311 et Movimento Revolucionario Angolano font l’objet d’une répression continue du fait de leurs actions contre le pouvoir et la corruption. Depuis mars 2011, plusieurs manifestations pacifiques organisées à Luanda pour réclamer une alternance politique ont été réprimées avec un usage excessif de la force. Un nombre important de jeunes ayant participé à l’organisation de ces manifestations ou ayant assisté à de tels événements ont été intimidés, enlevés, frappés et torturés par des hommes armés en tenue civile, vraisemblablement des membres des services de sécurité de l’État.
Pour de plus amples informations sur l’Angola, voir notre page dédiée à l’Angola sur notre site Internet : http://www.acatfrance.fr/actualites/?pays=AGO
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