Mancho Bibixy est un symbole de militantisme pacifique au Cameroun. Alors qu’il travaillait pour une radio locale et documentait les violations des droits humains commises dans la Nord-ouest, il est devenu l’un des meneurs du mouvement pour l’égalité des droits. Le 21 novembre 2016, sur un rond-point de la ville de Bamenda, debout dans un cercueil, un mégaphone à la main, Mancho Bibixy dénonce la marginalisation sociale et économique de sa communauté anglophone. La révolution du cercueil commence. La réponse des autorités ne se fait pas attendre et les manifestants sont violemment réprimés.
Le 19 janvier 2017, Mancho Bibixy est arrêté sans mandat. Des soldats armés entrent de force dans la maison d’un de ses amis où il est hébergé, lui mettent une cagoule et l’emmènent dans un véhicule sans lui laisser le temps de mettre ses chaussures ou de prendre ses papiers d’identité.
Fin mai 2018, après plus d’un an de procès et de nombreux ajournements d’audiences, le tribunal militaire de Yaoundé condamne Mancho Bibixy à 15 ans de prison pour « actes de terrorisme, sécession, propagation de fausses informations, révolution, insurrection, mépris des organismes publics et des fonctionnaires et hostilité contre la patrie ».
Sa condamnation arrive en représailles à ses déclarations publiques dans une société régie par un contrôle strict de la liberté d’expression.
Le 15 août 2019, le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, adopte un avis concernant Mancho Bibixy (Avis n°46/2019). Sa conclusion : « la privation de liberté de Mancho Bibixy est arbitraire ». Il a été arrêté sans mandat ni information sur les motifs de son arrestation. Il a été jugé devant un tribunal militaire qui ne relève pas du pouvoir judiciaire indépendant alors que le droit international interdit de telles pratiques concernant les civils. Il a été condamné sur la base d’accusations vagues et trop larges.
Le mécanisme des Nations unies appelle les autorités camerounaises à « libérer immédiatement Mancho Bibixy ». En vain. Il reste incarcéré à la prison centrale de Kondengui, où il voit peu ses proches. Son état de santé se dégrade.
Le fonctionnement de la justice militaire permet au Président de la République de pouvoir ordonner, quand il le veut, des fins de procédures judiciaires et des libérations. Comme tout prisonnier d’opinion, la place de Mancho Bibixy n’est pas en prison.
Mobilisons-nous pour demander sa libération auprès du Président Paul Biya !