Depuis 2017, des vagues d’arrestations ont déferlé sur l’Arabie Saoudite. Le régime fait taire les voix qui s’élèvent pour le critiquer. Le prédicateur religieux Salman Al-Awdah est une des victimes de ce régime autoritaire et violent. Arrêté en septembre 2017 sans mandat ni motif, Salman est resté dans les prisons saoudiennes pendant un an sans pouvoir consulter d’avocats. Enchaîné, menotté, torturé, mis à l’isolement, ce n’est que le premier jour de son procès, le 4 septembre 2018, qu’il est présenté à un juge. Il apprend à cette occasion les 37 charges retenues contre lui et la réquisition du procureur : la peine de mort. Ce n’est qu’à cette date qu’il peut enfin s’entretenir avec son avocat, sans pouvoir toutefois le consulter régulièrement.
Une cour pénale spéciale pour contourner les droits de la défense
Salman Al-Awdah est poursuivi devant la Cour pénale spéciale de Ryad, normalement en charge des affaires terroristes. En réalité, cette cour, spécialement créée pour contourner les droits de la défense et le droit à un procès équitable, est utilisée pour poursuivre et condamner les opposants et militants critiques du royaume. La procédure pénale devant cette juridiction spéciale écarte ainsi plusieurs garanties présentes devant les tribunaux saoudiens ordinaires, déjà très en deçà des standards du droit international des droits humains : pas d’accès à un avocat en détention préventive, audiences secrètes qui entraînent ni couverture des médias, ni observateurs, ni annonces officielles des décisions
des juges. Auxquelles s’ajoutent pour les avocats l’impossibilité de disposer de notes écrites
pour soutenir leur plaidoirie pendant les audiences et l’interdiction d’échanger avec les médias ou tout interlocuteur extérieur au procès…
Un régime qui menace et enferme les avocats des prisonniers de conscience
Cynique et cruel, le régime saoudien prend également soin d’emprisonner les avocats spécialisés dans la défense des prisonniers de conscience. Ceux qui acceptent encore de défendre ces détenus sont soumis à d’intenses pressions et risquent d’être arrêtés à leur tour. C’est la raison pour laquelle leur anonymat est généralement préservé. Il est de ce fait difficile pour les familles de victimes de trouver des avocats saoudiens prêts à les défendre lorsqu’il s’agit de militants des droits humains ou d’opposants politiques. En enfermant et menaçant les avocats et en ayant recours à des audiences secrètes, le pouvoir s’assure de contrôler la manière dont les procès sont rapportés dans la presse saoudienne et de limiter la couverture internationale de ces affaires.
L’ACAT se mobilise pour que Salman Al-Awdah soit libéré au plus vite et sans condition.