Mobilisons-nous pour demander l’apparition de Ricardo et Antonio !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à la Représentante permanente du Mexique auprès de l’Office des Nations unies.
Qui sont Ricardo Lagunes Gasca et Antonio Díaz Valencia ?
Le 15 janvier 2023, le professeur et leader communautaire Antonio Díaz Valencia et l’avocat défenseur des droits humains Ricardo Lagunes Gasca ont été victimes de disparition forcée lorsqu’ils circulaient sur une route entre les États du Michoacán et de Colima, au Mexique. Les deux activistes rentraient chez eux dans une camionnette après avoir tenu des réunions dans la communauté autochtone San Miguel d’Aquila, Michoacán, où ils travaillaient avec ses membres pour défendre leur droit à la représentation dans un conflit impliquant la société minière transnationale Ternium. La camionnette dans laquelle ils se trouvaient a été retrouvée criblée de balles et, à ce jour, ni l’enquête pénale ni les actions menées par la Commission nationale de recherche n’ont permis de retrouver leur trace.
Antonio est l’un des leaders de la communauté de San Miguel de Aquila, candidat à la présidence du commissariat ejidal d’Aquila, enseignant et défenseur des droits humains. Pou sa part, Ricardo est un avocat et défenseur des droits humains. Il a joué un rôle fondamental en tant que représentant légal de la communauté d’Aquila dans les négociations sur l’exploitation minière de la région, en ce qui concerne son impact environnemental, social et sanitaire sur la communauté.
Menaces et impunité derrière l’exploitation minière
La disparition d’Antonio Díaz Valencia et de Ricardo Arturo Lagunes Gasca a lieu dans un contexte de tensions dues aux élections du nouveau commissariat aux biens communaux de la communauté de San Miguel de Aquila, et dans le cadre de négociations entre les membres de la communauté d’Aquila et la société minière Ternium. Le travail de ces défenseurs était essentiel pour garantir une représentation légitime de la communauté et ainsi, exiger des paiements équitables pour l’exploitation minière qui affecte le territoire depuis les années 1990.
Bien que deux personnes aient été inculpées dans le cadre de la disparition des défenseurs, leurs proches ainsi que l’équipe de défense juridique en charge du dossier affirment que les procureurs des États de Michoacán et de Colima, responsables de manipulations procédurales, n’ont pas fait l’objet d’une enquête approfondie. De la même manière, les dirigeants de Ternium n’ont pas été soumis à une investigation adéquate. Il faut noter que cette disparition forcée s’inscrit dans un cadre de précédentes menaces de la part de représentants de Ternium et de diverses plaintes déposées par la communauté contre cette entreprise minière, qui favorise la fragmentation du tissu social et ses intérêts d’expansion, causant des graves dommages environnementaux.
Contexte
La défense de l’environnement, un métier dangereux au Mexique
Ricardo et Antonio font partie de la liste d’au moins 93 défenseurs de l’environnement et du territoire qui ont été victimes de disparition au Mexique depuis le 1er décembre 2006 jusqu’au 1er août 2023 ; 39 d’entre eux restent introuvables. Au moins 62 défenseurs disparus appartiennent à une communauté indigène, ce qui signifie que plus de 65 pour cent de ces cas concernent ces communautés. Les régions où l’exploitation minière et la déforestation sont présentes se distinguent comme les endroits où la violence est exercée contre ceux qui défendent l’environnement. Cela est dû à la résistance des habitants de la région face aux entreprises, très souvent étrangères, menant des activités d’extraction. Elles cherchent à tirer profit de la richesse naturelle de ces territoires, causant de dommages inacceptables pour l’environnement et les ressources des communautés autochtones.
Lors de la disparition de ces deux défenseurs, le Mexique était déjà classé par l’organisation non gouvernementale Global Witness comme l’un des cinq pays les plus dangereux pour les défenseurs de l’environnement et du territoire. Cependant, leur cas a montré que la disparition en particulière est l’une des violences les plus courantes exercées contre ceux qui défendent les rivières, les forêts, les collines et tout ce qui donne vie à un territoire. De plus, la disparition forcée de Ricardo et Antonio est devenue un cas emblématique car elle a mis en lumière l’inaction d’un État mexicain dépassé et dépourvu de volonté politique pour fournir des réponses précises aux familles. En effet, les institutions responsables au Mexique n’ont jamais réussi à mettre un terme à ces crimes et à faire en sorte que les responsables soient traduits en justice. Cette impunité crée un précédent funeste.
Une crise médico-légale sans précédent
Les disparitions au Mexique se poursuivent sans relâche et se sont traduites par une crise qui déborde les autorités et les organisations civiles. Au total, le sort de plus de 110 000 personnes reste inconnu et ce nombre augmente chaque mois. Au Mexique, environ 625 personnes disparaissent chaque mois, selon les données officielles. Beaucoup d’entre elles sont assassinées et finissent enterrées dans une fosse clandestine. À cet égard, entre décembre 2018 et janvier 2023, la Commission nationale de recherche a comptabilisé 2 710 fosses clandestines avec des restes humains dans tout le pays. Cette situation rend compte d’une grave crise médico-légale, caractérisée par une Banque nationale de données médico-légales inexistante, un Programme national de recherche élaboré sans consultation des familles de disparus, et un Mécanisme d’identification médico-légal extraordinaire sans ressources ni soutien. Il en résulte des milliers et des milliers de familles désemparées face à un État inefficace, ce qui se traduit par une énorme impunité concernant ce crime atroce.