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L’ACAT-France lance un appel urgent pour la protection des civils et un retour à la diplomatie
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Soudan : Deux ans de conflit et d’impunité, une catastrophe humanitaire sans précédent.

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Mobilisons-nous pour le Soudan et exigeons la paix et la justice afin que cesse l’impunité !

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Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par une guerre meurtrière entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), deux factions militaires rivales en quête de pouvoir. Deux ans plus tard, la situation est catastrophique : plus de 20 000 civils ont été tués, des violences sexuelles systématiques ont été commises, des villages incendiés, des millions de personnes déplacées et il y a une impunité totale pour les responsables.

Où en est le conflit soudanais ?

Depuis avril 2023, deux factions militaires rivales s’opposent, dirigées par les deux hommes à l’origine du putsch d’octobre 2021. D’un côté, les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, qui est de facto au pouvoir après le putsch. De l’autre, les Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemedti ». Le pays est aujourd’hui profondément divisé : l’armée régulière (les FAS), contrôle la plus grande partie du territoire y compris la capitale Khartoum, tandis que les FSR dominent la quasi-totalité du Darfour, à l’exception d’une partie de la ville d’El-Fasher, dernier bastion de l’armée dans cette région. Chaque partie au conflit reçoit des armes de pays tiers partenaires pour continuer la guerre au détriment d’une résolution politique du conflit. Depuis quelques mois, le Kordofan est devenu le principal épicentre du conflit. Son importance stratégique tient au fait que le Kordofan est situé au centre du Soudan, séparant les territoires contrôlés par les deux parties au conflit.

Une guerre marquée par des crimes de masse

Depuis avril 2023, les civils sont pris au piège d’un conflit marqué par des violences extrêmes et systématiques. Plus de 20 000 civils ont directement été tués. L’usage de la torture est courant, et des milliers de personnes sont portées disparues après avoir été faites prisonnières. Toutes les parties au conflit sont responsables de telles exactions. Les FSR et les milices arabes alliés ont ainsi mené des massacres ethniques dans le Darfour, notamment contre les Masalit à El Geneina, avec plusieurs milliers d’exécutions extrajudiciaires. Les FAS, de leur côté, ont commis des bombardements indiscriminés et des représailles sanglantes contre les populations suspectées de sympathie pour les FSR. Les deux camps utilisent également le viol comme arme de guerre, avec de nombreuses violences sexuelles contre les enfants. Le conflit a provoqué le déplacement de près de 13 millions de personnes, dont 4 millions ont fui à l’étranger. Près de 25 millions de personnes souffrent de faim aiguë, et 16 millions d’enfants nécessitent une aide humanitaire urgente.

Malgré l’ampleur de la tragédie, la réponse internationale reste insuffisante et inadaptée. Les initiatives de paix sont inefficaces, les condamnations trop rares, les sanctions ciblées quasi inexistantes. Tant que les livraisons d’armes venant de l’étranger ne seront pas stoppées et que la justice restera inopérante, les perspectives de paix durable resteront très incertaines au Soudan.

Il est urgent d’imposer un embargo total sur les armes et d’agir pour la justice et la protection des civils.

Contexte

Après plus de deux années de conflit interne, le Soudan est coupé en deux. L’armée soudanaise contrôle une grande partie du territoire et à l’est au centre. En mars 2025, elle a repris le contrôle de la capitale, Khartoum, qui était au cœur d’intenses combats depuis le début de la guerre en avril 2023. L’armée soudanaise a également réussi à reprendre l’État d’al-Jazira, grenier à blé du pays.

De leur côté, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contrôlent la quasi-totalité de l’ouest et du sud-ouest du pays, à savoir le Darfour. Les paramilitaires ont redirigé leur offensive sur le Kordofan, territoires à l’est du Darfour et sur la ville d’El-Fasher, la capitale du Darfour Nord, dernière grande ville de la région encore partiellement sous le contrôle de l’armée régulière.

Massacres et autres graves violations des droits humains

Depuis avril 2023, les civils soudanais sont victimes d’un cycle ininterrompu de violences d’une extrême intensité. Les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre « généralisée et systématique » par les deux camps. Elles visent à terroriser en masse les populations civiles et à humilier les communautés perçues comme ennemies, en s’attaquant notamment aux enfants et jeunes filles. Selon l’UNFPA, l’agence des Nations unies pour la santé reproductive, plus de 12 millions de femmes et de filles, ainsi qu’un nombre croissant d’hommes et de garçons, seraient en danger au Soudan.

Les disparitions forcées se sont également intensifiées. La société civile soudanaise estime qu’environ 50 000 personnes ont disparu depuis le début du conflit. Ces disparitions ciblent des militants, des journalistes, des chefs communautaires, mais aussi des civils ordinaires soupçonnés de sympathies politiques avec l’adversaire. Plusieurs rapports d’ONG et des Nations unies évoquent l’usage systématique de la torture dans les centres de détention informels tenus aussi bien par les Forces armées soudanaises (FAS) que par les Forces de soutien rapide (FSR). D’après les données compilées par les Nations unies, plus de 20 000 civils ont été directement tués en deux années de conflit, dont plusieurs milliers au Darfour à partir de juin 2023. Un nettoyage ethnique à grande échelle à l’encontre de la communauté Masalit a ainsi été commis dans la ville d’El Geneina, dans une série d’attaques coordonnées par les FSRet des milices arabes alliées, entre juin et août 2023. Plusieurs milliers de civils Masalit ont été massacrés durant cette période.

L’armée soudanaise (Forces armées soudanaises, FAS) a également commis des massacres de populations considérées comme proches des FSR, ainsi que des bombardements indiscriminés dans des zones urbaines comme Khartoum, Omdurman ou Nyala, causant la mort de nombreux civils. Ces actes de violences, commis en toute impunité par toutes les parties au conflit, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les actions de nettoyage ethnique menées au Darfour soulèvent également la question de possibles crimes de génocide.Le nombre réel de victimes au Soudan depuis avril 2023, en tenant compte des morts liées à la famine, aux maladies et au manquede soins, est nettement supérieur à 20 000 victimes, et pourrait avoisiner les 60 000 à 150 000 personnes au total.

Une crise humanitaire sans précédent

Selon les Nations unies, le Soudan serait l’une des crises humanitaires les plus graves actuellement dans le Monde. Le conflit a provoqué le déplacement de près de 13 millions de personnes, dont plus de 4 millions ont fui à l’étranger, principalement vers l’Égypte, le Soudan du Sud et le Tchad. Les infrastructures médicales et sociales sont en ruines, et les ONG peinent à intervenir, ciblées par les attaques ou bloquées par les combats. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que 24,6 millions de personnes souffrent de la faim aiguë, et l’UNICEF rapporte que 16 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire urgente.

Un conflit de plus en plus internationalisé

Depuis le déclenchement de la guerre en avril 2023, le conflit a rapidement pris une dimension régionale et internationale. Plusieurs États étrangers, directement ou indirectement, ont pris parti pour l’un des belligérants, alimentant la guerre et complexifiant les perspectives de résolution. Les Émirats arabes unis (EAU) sont considérés comme les principaux soutiens étrangers des Forces de soutien rapide (FSR). Des rapports crédibles, notamment venant de l’ONU et d’ONG, accusent les EAU d’avoir acheminé des cargaisons d’armes et d’équipements militaires aux FSR via le Tchad et la Libye, en violation de l’embargo sur les armes. Les EAU ont également offert un appui diplomatique discret à Hemedti, misant sur lui comme une figure montante capable de garantir leurs intérêts économiques dans la région, notamment dans le secteur de l’or et du commerce transsaharien.

L’Égypte soutient fermement l’armée soudanaise et le général al-Burhan, dans une logique de retour à un pouvoir central fort et allié à Khartoum. Le Caire craint que l’effondrement de l’État soudanais ne menace sa sécurité. Le soutien aux FAS est également motivé par la crainte d’un renforcement de l’influence des EAU, rivaux économiques dans la région. La Russie joue un double jeu au Soudan, courtisant les deux camps pour sécuriser ses intérêts. Par le biais du groupe paramilitaire Wagner, la Russie a, longtemps avant le début du conflit, établi des relations de longue date avec la FSR, notamment à travers l’exploitation de mines d’or au Darfour et ailleurs. Même si le rôle de Wagner semble s’être réduit depuis la mort de son fondateur Evgueni Prigojine, des réseaux russes continuent d’opérer dans les zones tenues par les FSR. En parallèle, la Russie officielle appuie l’armée soudanaise afin de préserver ses projets stratégiques, comme l’établissement d’une base navale sur la mer Rouge. D’autres acteurs comme la Turquie ou l’Arabie saoudite, jouent des rôles ambigus. Les rivalités régionales et internationales se superposent à des dynamiques locales et tribales et alimentent la poursuite du conflit, sans réelle perspective d’arrêt des combats.

Une réponse internationale insuffisante et une justice entravée

A ce jour, les initiatives diplomatiques peinent à produire des résultats concrets pour mettre un terme au conflit entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR). Les efforts diplomatiques menés excluent en grande partie les véritables forces du changement au Soudan, à savoir les comités de résistance citoyens, les associations féministes, les syndicats indépendants et les défenseurs des droits humains. Cette marginalisation de la société civile compromet toute réelle chance de réconciliation durable et de transition démocratique, en reproduisant les erreurs des processus de paix passés. L’absence de volonté politique claire des grandes puissances mondiales, notamment des États-Unis, pour imposer un cessez-le-feu durable laisse le terrain à une guerre prolongée. Les divisions géopolitiques entre puissances régionales et internationales bloquent l’adoption de positions communes fortes. L’incapacité du Conseil de sécurité des Nations unies à adopter des résolutions fermes illustre cette paralysie diplomatique.

Face aux graves violations des droits humains commises au Soudan depuis avril 2023, le Conseil des droits de l’homme a créé, en octobre 2023, une mission internationale indépendante d’établissement des faits pour le Soudan afin d’enquêter et déterminer les faits, les circonstances et les causes profondes de toutes les violations des droits de l’homme commises dans le cadre ce conflit. Aucune mission internationale de protection des civils n’a, en revanche, été déployée au Soudan. Les responsables militaires et politiques des deux camps, impliqués dans de nombreuses atrocités, échappent largement aux condamnations – souvent tardives et timides – et bénéficient, jusqu’à ce jour, d’une impunité totale. Peu d’entre eux font l’objet de sanctions internationales. Aucun des États impliqués dans le conflit, par l’envoi d’armements, ne fait également l’objet de mesure de rétorsion. Cette absence de sanctions affaiblit toute perspective de responsabilisation des acteurs au conflit et renforce le sentiment d’impunité chez les belligérants.

Le conflit au Soudan reste largement ignoré par les médias internationaux, éclipsé par d’autres crises comme celles en Ukraine ou au Proche-Orient. Cette sous-médiatisation affaiblit la pression de l’opinion publique sur les gouvernements occidentaux, laissant les populations civiles soudanaises livrées à elles-mêmes face à des violences d’une brutalité extrême. Dans ce contexte, la réponse internationale au conflit en cours au Soudan demeure largement focalisée sur les besoins humanitaires d’urgence.

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