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Le défenseur Hassanna Abba agressé par la police marocaine.

  • Torture
  • Violences policières

Samedi à 4h40, alors qu’il se rendait à pied chez son frère, Hassanna Abba, un défenseur sahraoui des droits humains, a été agressé par des policiers marocains. Ils l’ont approché à bord de leur véhicule siglé sûreté nationale lui demandant où il se rendait, avant de commencer à insulter des membres de sa famille, ce contre quoi Hassana a protesté. A la suite de cela, quatre policiers sont descendus, tous en civil, puis l’ont frappé à la tête, aux pieds et aux mains. Ils sont ensuite rapidement repartis, laissant Hassanna blessé et dans un état de choc. Il a été soigné par ses proches, pour éviter d’aller à l’hôpital par peur d’y être arrêté, certain que les médecins ne lui délivreraient pas de certificat attestant des violences subies.

Ce n’est pas la première fois que Hassanna se fait agresser par les forces de sécurité marocaines. En 2010, 2013 et 2017, il avait déjà fait l’objet d’enlèvements suivi d’agressions et d’actes de tortures particulièrement violents. Très investi dans la dénonciation des violences et violations commises par les forces de sécurité marocaines à l’encontre des militants indépendantistes sahraouis, Hassanna se savait surveillé et menacé comme beaucoup d’autres militant.es et défenseur.es sahraouis. 

Ces menaces répétées sur sa personne ne l’ont pas dissuadées de continuer à s’engager pour la défense des droits humains dans le Sahara occidental, territoire non autonome selon la qualification des Nations unies et majoritairement administré par le Maroc. Il intervient régulièrement à l’étranger, notamment devant des organes des Nations unies, pour présenter la situation des droits humains dans le Sahara occidental. Impliqué de longue date dans le combat pour la dignité et la liberté, il est ainsi membre de la Ligue pour la protection des prisonniers sahraouis (LPPS), de l'Association Sahraouie des victimes des violations graves des droits de l'Homme (ASVDH), de l’Association pour la surveillance des ressources et la protection de l'environnement au Sahara occidental et de la Coordination locale des cadres supérieurs sahraouis au chômage.

Vous souhaitez soutenir Hassanna Abba ?

– Téléchargez la , personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la à Josep Borrell, le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

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CONTEXTE

Les défenseur.es des droits humains au Sahara occidental font l’objet depuis de nombreuses années déjà de répressions et de représailles en raison de leur travail de dénonciation des violations des droits humains dans ce territoire. Toutefois, la fin du cessez-le-feu le 13 novembre 2020 entre le Front Polisario et les forces marocaines à la suite des incidents à Guerguerat près de la frontière mauritanienne marque un tournant. On constate depuis une augmentation significative des attaques et intimidations à l’encontre des membres de la société civile sahraouie, que cela soit les militant.es politiques, les journalistes où les défenseur.es des droits humains. Dans une communication conjointe adressée au gouvernement marocain et rendue public en mars, quatre procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme exprimaient de sérieuses préoccupations concernant une multitude d'abus commis contre huit éminents défenseurs sahraouis des droits de l'homme et décrivaient un "environnement hostile" au travail de défense des droits humains au Sahara Occidental[1].

 

Ces derniers jours ont été marqué par des enlèvements, agressions violentes et autres actes d’intimidation à l’encontre de militant.es sahraoui.es. En plus de l’agression subie par Hassanna Abba, un autre défenseur, Lahcen Dalil, membre de l’Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM), a également été enlevé et torturé avant d’être abandonné dans le désert par les forces de police marocaines, à une quinzaine de kilomètres de Laâyoune. Il a été arrêté dimanche dernier alors qu’il rendait visite à la famille d’un autre défenseur sahraoui, Hassana Douihi, dont le domicile est sous surveillance et blocus policier[2]. Le lendemain, les forces marocaines ont saccagé la maison de la militante Sultana Khaya à Boujdour, puis enlevé et torturé trois militants qui y logeaient temporairement, dont Babouzaid Mohamed Saeed, président du collectif des défenseurs sahraouis des droits humains (CODESA), avant de les abandonner dans le désert[3]. Les forces de police marocaines ont ensuite établi un blocus autour de sa maison afin d’empêcher tout contact avec l’extérieur.

 

L’usage répété des mêmes techniques d’intimidations et de tortures semblent établir le caractère organisé et planifié de ces actions visant à intimider et empêcher les défenseur.es sahraoui.es de mener leurs actions légitimes et pacifiques de protection des droits humains. De nombreuses ONG, comme Human Rights Watch[4] ou Frontline Defenders[5] ont ainsi constaté et documenté l’intensification des représailles envers les défenseur.es sahraoui.es par les forces de sécurité marocaines ces derniers mois. Ce niveau de violence et de répression rappelle les périodes de fortes tensions lors de l’intifada sahraouie de 2005 et la période ayant suivi le démantèlement du camp de Gdeim Izik fin 2010.

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