Mobilisons-nous pour demander la libération immédiate de Jimmy Lai !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale, par voie électronique à l’Ambassadrice du Royaume-Uni en France.
Qui est Jimmy Lai ?
Jimmy Lai est un journaliste et homme d’affaires, de nationalité britannique et taïwanaise. Il a fondé le média Next Digital et Apple Daily, en 1995, l’un des premiers journaux indépendants prodémocratie. En raison de sa ligne éditoriale ouvertement critique du régime de Pékin, ce journal a régulièrement fait l’objet de boycotts publicitaires et de pressions politiques. Ses contributeurs ont également été menacés. Finalement, à cause de ses activités, Jimmy Lai a été arrêté en août 2020 puis placé en détention, dès décembre 2020. À ce jour, il a déjà fait l’objet de quatre accusations et il est en attente de procès au titre de deux infractions prévues par la récente loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, pour lesquelles il risque la prison à vie.
Un acharnement judiciaire
Bien qu’il ait fait l’objet d’accusations en apparence diverses, celles-ci sont finalement toutes liées à ses combats en faveur de la démocratie et, plus précisément, de la liberté de la presse. Ainsi, il a déjà été condamné à deux reprises pour « fraude », pour avoir assisté à quatre manifestations pro-démocratie « non autorisées » en 2019 et 2020 et il risque désormais la réclusion à perpétuité pour « collusion avec des forces étrangères » et « sédition ».
Le procès concernant ces dernières accusations aurait originellement dû se tenir le 1er décembre 2022, mais il a été reporté à deux reprises, dans l’attente que les autorités chinoises tranchent l’interprétation de la loi hong-kongaise. En effet, les autorités de Hong Kong ont tenté à plusieurs reprises d’empêcher un des avocats de Jimmy Lai, de nationalité britannique, de le représenter. Par ailleurs, dans l’intervalle, l’ACAT-France a rencontré l’équipe juridique internationale chargée de sa défense, laquelle a confirmé avoir fait l’objet de menaces et de harcèlement de la part des autorités hong kongaises. Or, ces intimidations envers ses avocats et l’empêchement de choisir son propre conseil juridique sont en violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), lequel s’applique à Hong Kong en vertu de l’article 39 de sa Loi fondamentale (équivalent à sa constitution). Les droits de Jimmy Lai doivent être respectés.
Hong Kong, sourde aux condamnations de la communauté internationale
De nombreuses organisations internationales, des ONG – telles que Reporters Sans Frontières (RSF), qui lui a décerné son prix pour la liberté de la presse en 2020 – l’Union européenne et des États, dont la France, ont régulièrement appelé à la libération immédiate de Jimmy Lai et au respect de ses droits fondamentaux. Ainsi, dans une communication officielle, le Groupe de travail sur la détention arbitraire et plusieurs rapporteurs spéciaux des Nations unies ont écrit aux autorités chinoises, les exhortant à « mettre fin aux violations [de ses droits] et empêcher qu’elles se reproduisent ». À ce jour, les autorités chinoises n’ont pas répondu précisément sur ce point, arguant du respect de la liberté de la presse à Hong Kong. Un seuil supplémentaire de mobilisation a été franchi le 15 juin 2023, lorsque le Parlement européen a adopté à une écrasante majorité une résolution appelant le gouvernement de Hong Kong à « libérer immédiatement et sans conditions, et à abandonner toutes les charges à l’encontre de Jimmy Lai ».
Selon son fils, Sébastien Lai – avec lequel l’ACAT-France a pu s’entretenir – si Hong Kong compte actuellement environ 1500 prisonniers politiques, son père demeure un des cas les plus urgents en raison de son âge. Jimmy Lai, 75 ans, risque de mourir en prison, quel que soit le verdict rendu lors du procès à venir. Aussi, l’ACAT-France se mobilise à ses côtés pour obtenir la libération immédiate de son père.
Contexte
Le 30 juin 2020 a été promulguée la loi relative à la sécurité nationale à Hong Kong, autrefois qualifiée d’« îlot de liberté » par nombre de sinologues. Depuis, le bilan en matière de violations des droits humains s’aggrave dans cette région administrative spéciale chinoise, particulièrement en matière de liberté de la presse. À titre d’exemple, en 2020 Hong Kong était classée 80ème sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par RSF. Trois ans plus tard, elle a chuté à la 140ème place, se rapprochant de la Chine, à l’avant-dernière place du classement.
La loi controversée sur la sécurité nationale, incarnation de l’arbitraire à la chinoise
Si la loi sur la sécurité nationale vise officiellement à lutter contre les actes terroristes grâce à des peines allant de trois ans de prison minimum à l’emprisonnement à perpétuité, il apparaît en réalité que la formulation vague et générale de ses provisions laisse une large marge de manœuvre aux autorités pour cibler tout individu qui lui serait opposé, celles-ci étant susceptibles de considérer n’importe quel acte comme une menace pour la « sécurité nationale », concept lui-même peu précis.
D’ailleurs, le 19 juin 2020, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations unies d’alors, Michelle Bachelet, déclarait avant même que cette loi ne soit promulguée, que « de telles lois ne peuvent jamais être utilisées pour criminaliser des conduites et expressions protégées par les droits de l’homme ». Puis, le 11 novembre 2022, dans ses observations finales concernant le quatrième rapport périodique de Hong Kong quant à la mise en œuvre du PIDCP, le Comité des droits de l’homme a recommandé que la loi sur la sécurité natonale soit mise en conformité avec le PIDCP et que ce dernier prime sur l’application de cette loi, ce qui n’est pas le cas actuellement. Le Comité relève également « avec une vive inquiétude » les « défauts » de cette loi, au premier rang desquels le manque de clarté de la notion de « sécurité nationale »., incitant les autorités de Hong Kong à « prendre des mesures concrètes en vue d’abroger l’actuelle loi sur la sécurité nationale et, en attendant (…) s’abstenir d’appliquer cette loi ».
Non seulement cette loi est toujours en vigueur malgré le consensus international quant à son caractère arbitraire, mais le groupe de travail sur les détentions arbitraires et les rapporteurs spéciaux des nations unies ont récemment rappelé dans leur communication avec les autorités hong-kongaises que la législation sur la sécurité nationale a pu « être utilisée à mauvais escient pour cibler des défenseurs et défenseures des droits humains ou entraver leur travail et a mis leur sécurité en danger d’une manière contraire au droit international ». Le cas de Jimmy Lai est emblématique des dérives de cette loi, mais il n’est pas le seul : depuis son entrée en vigueur, Hong Kong a connu des vagues d’arrestations massives d’opposants politiques. Celles-ci ont visé indifféremment des parlementaires, des militants prodémocratie, des journalistes… Principalement accusés de « subversion ». En la promulguant, Hong Kong se rapproche du modèle de Pékin selon lequel seule la voix du gouvernement compte. Dans cette perspective, l’avenir des droits humains à Hong Kong est extrêmement préoccupant.