Sébastien Ebala est un blogueur et lanceur d’alertes camerounais connu pour son opposition au pouvoir en place. Le 16 avril 2020, il réalise une vidéo, mise sur les réseaux sociaux, où il appelle les Camerounais à marcher le 18 avril pour contraindre le Président Paul Biya à quitter le pouvoir. Le 17 avril, il est arrêté à Yaoundé par des gendarmes encagoulés et lourdement armés. Il est bastonné. Les gendarmes sont intéressés par ses téléphones et les échanges présumés qu’il aurait eus avec Maurice Kamto, principal opposant camerounais qui clame publiquement être le réel vainqueur de l’élection présidentielle de 2018 remportée par Paul Biya à l’issue d’un scrutin opaque. Sébastien Ebala est transféré à la Division de la Sécurité Militaire (SEMIL). Durant son transfèrement, il est encore violenté. Arrivé à la SEMIL, il subit une séance de tortures durant plusieurs heures dans une pièce appelée le « labo », qui se trouverait juste derrière le bureau du
commandant de la SEMIL. Ses tortionnaires cherchent à lui faire dire que son action est pilotée par Maurice Kamto. Il nie et indique être le seul responsable. Dans la soirée, il est conduit au Secrétariat d’État à la Défense (SED) où il sera détenu, dans une cellule insalubre, pendant quarante et un jours sans aucun contact avec le monde extérieur.
Sa première audition devant la justice a lieu le 22 avril. Il est accusé d’actes de terrorisme, d’incitation à la rébellion, d’appel à l’insurrection, d’hostilité à la patrie, d’outrage au Président de la République…
Le 20 mai 2020, il est placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Kondengui. Le 9 septembre 2021, il est condamné à deux ans de prison ferme par le Tribunal de Première instance du Mfoundi pour « propagation de fausses nouvelles et outrage au Chef de l’État ». Il retrouve la liberté le 27 mai 2022 et témoigne des tortures subies sur Naja TV le 17 juin 2022. Il accuse le colonel Joël Émile Bamkoui, commandant de la SEMIL, d’être l’instigateur des violences. Le 22 juin, ce dernier l’appelle et le menace : « tu vas retourner en prison. Je vais m’occuper de toi, et ce sera pire que la dernière fois ». Le 8 juillet 2022, le groupe d’intervention judiciaire SOS-Torture en Afrique appelle les autorités camerounaises à enquêter sur ces menaces et à assurer la protection de Sébastien Ebala.
En août 2022, ce même groupe dépose plainte pour faits de torture devant le tribunal militaire de Yaoundé. Face à l’absence d’instruction une plainte est déposée à Genève, en janvier 2023, devant le Comité contre la torture des Nations unies par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).