Les disparitions forcées ont un impact multiple sur le respect des droits des personnes concernées, encore plus exposées à des risques de torture, de mauvais traitements ou de mort puisqu’elles sont placées hors cadre juridique. Au Sri Lanka, le crime est de grande ampleur.
Disparitions forcées : entre inertie et impunité
Le conflit sri-lankais a opposé pendant près de trente ans l’ethnie majoritaire cinghalaise et bouddhiste aux indépendantistes tamouls. En 2009, Mahinda Rajapaksa et Gotabaya Rajapaksa, alors respectivement président du pays et ministre de la Défense, ont mené l’armée à la victoire. À cette période, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été portées disparues. Par la suite, le clan Rajapaksa a empêché que les enquêtes aboutissent pour les retrouver. L’inertie a été telle, que les Nations unies ont récemment dénoncé « l’absence persistante de progrès » en la matière. Or, le Sri Lanka a ratifié en 2016 la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, un texte fondamental qui n’est pas respecté.
L’État doit donc être placé face à ses engagements.
Responsables des crimes commis durant la guerre, les Rajapaksa sont impunément demeurés à la tête du pays plusieurs années avant d’être poussés à la démission par la population mécontente.Ils demeurent influents, étant proches de l’actuel président par intérim.
Prageeth Eknaligoda : un cas emblématique
Prageeth Eknaligoda est un analyste politique et caricaturiste enlevé le 24 janvier 2010 pour avoir critiqué le pouvoir de Mahinda Rajapaksa en place à l’époque. Il est une victime directe du clan Rajapaksa, notamment pour avoir enquêté sur les crimes de guerre dont cette clique est responsable. À ce jour, Prageeth est toujours porté disparu et les audiences des procès pour rétablir la vérité sur son cas ne cessent d’être reportées. Malgré cela, sa famille reste très mobilisée pour obtenir justice, en particulier son épouse, Sandya Eknaligoda, à qui l’on a remis qui a en fin d’année 2023 le prix de la Fondation ACAT au nom de Prageeth.
À travers son enlèvement, les autorités sri-lankaises se sont attaquées à la recherche même de vérité qui traverse toutes les familles sri-lankaises. L’ACAT-France se mobilise pour que la vérité soit faite sur la situation de toutes les personnes portées disparues, victimes de crimes commis par des politiques qui agissent encore en toute impunité.
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