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Appel à une enquête indépendante et impartiale concernant le massacre de Goma.

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Demandons une enquête indépendante et impartiale concernant le massacre de Goma !

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Que s’est-il passé à Goma le 30 août 2023 ?

Selon les autorités militaires congolaises, dès laube du 30 août 2023, des membres d’une secte mystico-religieuse dénommée « Foi naturelle judaique et messianique vers les nations » surnommés « Wazalendo » (« patriotes » en kiswahili) auraient quitté leur temple en direction du siège de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) afin de demander son départ du pays. Cette manifestation interdite, en raison de l’état de siège en vigueur dans la province, aurait été stoppée par un dispositif de sécurité. Des confrontations avec des « bandits armés, drogués et manipulés » auraient conduit à un déploiement renforcé des forces de l’ordre au niveau du temple de la secte. Selon le gouverneur miliaire du Nord-Kivu, le lynchage d’un policier à l’intérieur du temple aurait été l’élément déclencheur des « hostilités ». Des coups de feu auraient retenti et l’armée a dû intervenir face à une police dépassée. Le premier bilan communiqué par les autorités militaires est de six civils tués et un policier lynché. Pour le porte-parole de l’armée, les militaires ont « opéré de la manière la plus professionnelle possible ».

Mais la vérité semble toute autre. Des vidéos prises par des habitants de Goma et mises sur les réseaux sociaux montrent des militaires de la garde républicaine ramasser des corps inertes, les entasser dans un camion. D’autres montrent des tirs en rafale. Pris à défaut par les images, les autorités congolaises réagissent à Kinshasa. Le 31 août, elles déplorent « 43 décès, 56 blessés et 158 personnes appréhendées ». Une délégation interministérielle se rend sur place pour enquêter et dégager des responsabilités. Le 4 septembre, le gouvernement annonce l’arrestation de six militaires de la garde républicaine dont deux officiers supérieurs et leur procès en « flagrance » (comparution immédiate) devant le tribunal militaire de Goma pour « crimes contre l’humanité par meurtre, destruction d’armement et incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline ». Le procès, qui s’est terminé le 2 octobre avec la condamnation de quatre militaires, n’exonère pas les autorités congolaises de mener une enquête indépendante et impartiale pour établir l’ensemble des faits et des responsabilités dans ce massacre d’autant que de nombreuses zones d’ombre soulevées par plusieurs témoins et accusés n’ont pas été examinées.

Contexte

Des autorités qui minimisent les faits

Pour les autorités congolaises, les Wazalendo ont « mené des actions qui ont porté atteinte à l’ordre public et ont causé la mort par lapidation d’un policier entraînant ainsi une intervention des forces de l’ordre pour restaurer la quiétude et la sérénité dans la ville ». Selon les militaires congolais, des rebelles du M23 – en conflit avec l’État congolais depuis novembre 2021 – s’étaient possiblement infiltrés au sein des manifestants. Ces affirmations sont contredites par de nombreux témoignages sur place qui affirment que les adeptes Wazalendo ont été attaqués de nuit alors qu’ils étaient paisiblement établis dans leurs installations. La première attaque aurait eu lieu en pleine nuit sur leur station de radio où six adeptes auraient été tués par les balles de la garde républicaine. Au petit matin, « des dizaines de soldats armés, cagoulés et équipés de drones de reconnaissance ont fait irruption » au quartier-général de la secte où une centaine d’adeptes avaient passé la nuit dans l’attente de manifester pacifiquement le lendemain matin. Le policier aurait été lynché en représailles des attaques et des nombreux morts et blessés par balles. Dans les jours suivants, des policiers ont tenté de faire disparaitre des preuves et se sont notamment emparé d’un registre dans lequel était répértoriés 48 noms d’adeptes tués par balles. Plusieurs militants de la société civile auraient fait l’objet de menaces.

Un procès cache-misère ?

Dès le lendemain du massacre, des voix de la société civile se font entendre. La Lucha dénonce un « carnage commis par l’armée congolaise à Goma ». Le Prix Nobel de la Paix, le docteur Denis Mukwege se dit être « profondément indigné des images choquantes du massacre ». À la suite de l’annonce de l’envoi d’une délégation interministérielle sur le terrain en vue d’enquêter sur les événements, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme rappelle que l’enquête devra être « approfondie, efficace et impartiale ». Le 4 septembre, six militaires de la garde républicaine dont deux officiers supérieurs sont mis en état d’arrestation. Le lendemain leur procès s’ouvre devant le tribunal militaire de Goma.

Les premières comparutions montrent qu’une véritable enquête est nécessaire et que celle menée rapidement par la délégation interministérielle n’est pas suffisante.

Pourquoi seulement six militaires ont été jugés alors qu’ils étaient nombreux à user de leurs armes létales le 30 août ?

Pourquoi le gouverneur du Nord-Kivu, le général Constant Ndima Kongba, n’a-t-il pas fait l’objet de poursuites judiciaires ?

Pourquoi a-t-il simplement été rappelé à Kinshasa et remplacé par un autre militaire alors qu’il coordonnait l’opération du 30 août ?

Qu’en est-il de la Maison militaire au sein de la Présidence de la République en charge de la Garde républicaine ?

De nombreuses zones d’ombre non abordées lors du procès restent à éclaircir, notamment les raisons d’une telle répression sanglante. Le massacre de Goma a-t-il été planifié ? Si oui, qui l’a organisé et donné l’ordre de l’exécution ?

Le massacre de Goma perpétré par la garde républicaine rappelle bien d’autres massacres passés commis par des unités d’élite de l’armée congolaise dans diverses parties du pays.

À chaque fois, la justice a été enterrée ou réduite aux plus bas échelons de responsabilités.

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