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Une victime de tortures laissée sans soins

Francisco de Jesús Espinosa Hidalgo est en détention depuis deux ans et demi à la suite d’une arrestation arbitraire et d’aveux signés sous la torture. Son état de santé se dégrade sévèrement, et il ne reçoit pas les soins nécessaires.
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©DR Prison de El Amate au Chiapas
Le 05 / 12 / 2017

Francisco, 68 ans, est un paysan indigène Tsotsil, engagé contre l'implantation de mégaprojets de développement dans sa communauté à Venustiano Carranza, au cœur de l’État du Chiapas.

Le matin du 29 mai 2015, une dizaine de policiers l'ont embarqué sous les insultes et les coups puis conduit jusqu'à une maison où ils l'ont torturé : déshabillé, frappé à coups de poings et de pieds, soumis à des décharges électriques. Les policiers voulaient que Francisco, qui ne sait ni lire ni écrire, signe des aveux de culpabilité dans une affaire de vol avec violence. Depuis ce jour, Francisco est en détention à la prison de El Amate, à 130 km de ses proches.

Les autorités n’ont toujours pas mené d’enquête rigoureuse sur les tortures, ni apporté les soins nécessaires à Francisco. Or, ce dernier garde d'importantes séquelles des sévices subis lors de son arrestation et ses conditions de détention indignes font que son état de santé ne cesse de se détériorer. Depuis juillet dernier, des médecins recommandent en vain des analyses concernant un possible cancer de la prostate.

L’ONG Frayba a demandé des mesures de protection urgentes à la Commission interaméricaine des droits de l’homme et sollicitent les militants de l’ACAT afin qu’ils rappellent aux autorités mexicaines leurs obligations de protéger le droit à la vie et l’intégrité physique et psychologique de Francisco.

 

Contexte

Les ravages de la « guerre contre le crime »

Depuis dix ans, le Mexique traverse une très grave « crise des droits de l'homme » avec un taux d'impunité de 98 %, selon les propres termes de l’ONU. Dans le cadre de la «  guerre » gouvernementale contre la délinquance organisée, les forces de l’ordre et l’appareil judiciaire ont procédé à des arrestations et des condamnations massives en recourant à l’extorsion d’aveux et aux preuves illicites.

• 30 942 disparitions recensées en mars 2017 par le Registre national des personnes perdues ou disparues (RNPED), avec une augmentation de 474 % des cas entre 2007 et octobre 2016 ;

• 7 635 plaintes pour torture enregistrées par les Commissions des droits de l’homme nationale et des états fédérés entre 2007 et 2016 ;

• 90 573 homicides volontaires entre 2013 et mars 2017, avec une nette recrudescence depuis 2016 ;

• entre 310 000 et 90 000 déplacés internes, selon les sources, depuis 2009 du fait de la violence ;

• 22 journalistes assassinés depuis 2016 et 47 défenseurs des droits de l’homme assassinés en 2016.

La torture, une pratique endémique

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) du Mexique annonçait une nouvelle augmentation des plaintes pour torture de 332 % en 2016.

Policiers et militaires sont généralement responsables des épisodes de torture les plus sévères au cours des premières heures de l’arrestation, des transferts et de la détention. Dans de nombreuses affaires, des agents des ministères publics sont accusés d’avoir couvert des arrestations et des détentions arbitraires, torturé les détenus et fabriqué des preuves, poursuivi les intimidations jusqu’à la présentation devant le juge. Plusieurs cas mettent également en évidence la complicité de juges qui n’ordonnent pas d’enquête en cas d’allégation de torture, d’avocats commis d’office (sous l’autorité du ministère public) qui couvrent ou taisent les atteintes aux droits de leurs clients.

 

Vous pouvez agir en envoyant cette lettre aux autorités mexicaines.

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