Un jeune militant pro-démocratie porté disparu
« Nous sommes en train de le chercher, on n’a pas de communication avec lui, on ne sait pas où il se trouve. Il y a des murmures selon lesquels il serait décédé ». Voilà ce que dit Pascal Kalonji à Radio France Internationale (RFI), le 4 avril dernier, à propos de son frère Jean-Marie, porté disparu depuis le 15 décembre 2015.
Jean-Marie Kalonji, militant pro-démocratie et coordonnateur du mouvement « 4ème voie », a été enlevé le 15 décembre 2015, à 13 heures, en plein centre-ville de Kinshasa, sur le Boulevard du 30 juin. Quatre hommes en civil, armés, l’ont brutalisé et forcé à monter à bord d’un véhicule 4×4 de couleur noire. Selon Maître Venance Kalenga, avocat, « Jean-Marie Kalonji revenait d’une réunion. Son mouvement avait programmé une marche pacifique pour début janvier » pour réclamer le respect de la Constitution.
Au bout d’une semaine de recherches, Pascal Kalonji apprend que son frère serait détenu dans une cellule du siège de l’Agence nationale de renseignements (ANR), située à Kinshasa. On lui reprocherait son activisme aux côtés des étudiants de Kinshasa et sa proximité avec un député de l’opposition.
Quatre mois ont passé depuis sa disparition et personne n’a, jusqu’à ce jour, réussi à établir un contact direct avec Jean-Marie Kalonji. Le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH), basé en République démocratique du Congo (RDC), indique ne pas avoir accès aux cachots de l’ANR. Pour José Maria Aranaz, Directeur du BCNUDH, « l’arrestation et la détention arbitraire de Jean-Marie Kalonji de plus de 100 jours sans supervision judiciaire est une sérieuse violation des droits de l’homme ».
Mobilisons-nous auprès des autorités congolaises pour qu’elles fournissent des informations sur l’endroit où se trouve Jean-Marie Kalonji !
Contexte
Un pouvoir de plus en plus répressif
Depuis janvier 2015, le régime au pouvoir – en utilisant les forces de l’ordre et celles du renseignement – harcèle de manière continue les membres de la société civile et de l’opposition qui se mobilisent en vue du respect de la Constitution. Cette Constitution ne prévoit que deux mandats présidentiels de suite. Le Président actuel, Joseph Kabila, achève son second mandat fin 2016 et n’a pas encore déclaré publiquement qu’il quitterait ses fonctions à cette date. Son gouvernement a tenté à plusieurs reprises de modifier la Constitution ou les règles électorales afin de lui permettre de se maintenir au pouvoir. Face à la mobilisation citoyenne, ces tentatives ont échoué. Aujourd’hui, la planification de l’élection présidentielle, normalement prévue pour novembre 2016, est délibérément retardée. Cette situation risque de faire replonger le pays dans une instabilité politique sérieuse aux conséquences dévastatrices pour les droits de l’homme et leur respect, dans un pays où les armes circulent librement et où l’usage de la violence politique est endémique depuis plusieurs décennies.
Une augmentation du nombre de prisonniers d’opinion dans le pays
L’arrestation de Jean-Marie Kalonji s’inscrit dans un contexte de forte répression contre ceux qui soutiennent la démocratie et le respect de la constitution. Sa détention n’est pas sans rappeler l’incarcération depuis mars 2015 de Fred Bauma et Yves Makwambla, deux jeunes membres de Lucha et Filimbi. Il y aurait actuellement plus d’une vingtaine de prisonniers politiques et d’opinion en RDC selon Human Rights Watch.
Pour de plus amples informations sur la RDC: http://www.acatfrance.fr/actualites/?pays=COD