Maroc
Actualité

L’épouse de Naâma Asfari refoulée par le Maroc

Le 19 octobre, sans d’explication, le Maroc a interdit l’entrée sur son territoire à Claude Mangin, l’épouse du prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari.
Claude Mangin
Le 25 / 10 / 2016

Le 19 octobre, les autorités chérifiennes ont interdit l’entrée sur le territoire marocain à Claude Mangin, l’épouse du prisonnier politique sahraoui Naâma Asfari, sans fournir d’explication. Cette mesure témoigne d’un durcissement de la politique marocaine visant à passer sous silence l’occupation du Sahara occidental et les violations graves des droits de l’homme qui lui sont afférentes.

Cela fait des années que Claude Mangin, ressortissante française, se rend au Maroc plusieurs fois par an pour visiter son mari emprisonné depuis 2010. C’est la première fois qu’elle est ainsi refoulée. Elle rejoint la longue liste des militants, avocats, personnalités politiques et journalistes renvoyés par le Maroc en raison de leur intérêt pour la question sahraouie.

Claude Mangin espérait fêter ses 13 ans de mariage et apporter à son mari le réconfort dont il a besoin depuis qu’il a été arbitrairement arrêté et torturé dans le cadre du démantèlement du camp de protestation de Gdeim Izik en novembre 2010.

Elle devait aussi le consulter sur sa stratégie de défense alors que son procès va se rouvrir devant la Cour d’appel de Rabat après la cassation de sa condamnation en juillet dernier. Ce procès sera une nouvelle occasion de dénoncer l’iniquité du premier procès à l’issue duquel le tribunal militaire avait condamné Naâma et ses 23 coaccusés à de lourdes peines sur la base d’aveux forcés. En refoulant Claude Mangin au mépris du droit des prisonniers à recevoir des visites de leur famille, les autorités marocaines tentent d’isoler son mari et de le réduire au silence.K

Contexte

Cela fait trois ans que Naama Asfari et ses coaccusés ont été condamnés pour leur participation présumée au camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik en novembre 2010. Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort. Naama Asfari a été condamné à 30 ans d’emprisonnement pour meurtre alors même qu’il a été arrêté la veille du démantèlement. Torturé, battu, humilié, pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la contrainte. Avec lui, 24 autres militants sahraouis ont subi un sort similaire.

Leur condamnation a été prononcée à l’issue de neuf jours de procès inéquitable marqué notamment par la prise en compte d’aveux arrachés sous la torture. Les juges se sont refusés à tenir compte des allégations de torture formulées par les accusés et de satisfaire à leur demande d’expertise médicale, en violation du droit marocain et du droit international. Aucune preuve n’a été présentée prouvant l’implication des accusés dans le meurtre des agents de sécurité.

Depuis, les autorités marocaines s’emploient à faire taire toute critique des violations commises par le Royaume au Sahara occidental et notamment à l’encontre du groupe de Gdeim Izik. En avril 2016, l’avocate de Naâma Asfari et plusieurs de ses confrères avaient été expulsés alors qu’ils venaient témoigner leur soutien aux prisonniers de Gdeim Izik en grève de la faim.

Télécharger la lettre

Articles associés

Appel à mobilisation
AAM_Ziane_VIGNETTE
Maroc

Le harcèlement judicaire contre Mohamed Ziane se poursuit

Le 29 / 05 / 2024
Mohamed Ziane, 81 ans et ancien bâtonnier du barreau de Rabat, est détenu depuis le 21 novembre 2022 dans une affaire qui vise vraisemblablement à le punir pour son travail d’avocat et pour ses propos en tant qu’opposant politique. Une nouvelle plainte a été ouverte contre lui en mars dernier.
Communiqué
1160-600_NDV-24
ChineCamerounIranMarocMexiqueRwandaVietnam

Que la Nuit des Veilleurs 2024 commence !

Le 15 / 05 / 2024
Le 26 juin 2024, à l’occasion de la Journée internationale des Nations unies pour le soutien aux victimes de torture, l’ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) organise la 19e Nuit des Veilleurs, au sein d’une année particulière qui marque les 50 ans de l'ONG. Cette édition aura pour thème « Grâce au Christ, la vie a vaincu la mort ». Comme chaque année, cette mobilisation militante et œcuménique rassemblera chrétiens du monde entier et sympathisants de toutes générations, engagés dans la défense des droits de l’Homme à travers plusieurs centaines de manifestations
Bonne nouvelle
BN-Rida-Benotmane-202404
Maroc

Le journaliste Rida Benotmane est libre !

Le 18 / 04 / 2024
Condamné pour ses opinions, le journaliste Rida Benotmane, a été libéré le 9 mars dernier, après avoir purgé une peine d’un an et demi de prison. Il avait été arrêté à la suite de contenus postés sur les réseaux sociaux puis condamné à trois ans de prison, avant de voir sa peine réduite en appel. L’ACAT-France dénonce la torture subie par Rida Benotmane qui est resté à l'isolement en permanence. Elle rappelle l’importance de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en démocratie.