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République Dém. du Congo
Actualité

Il est temps pour l’Union européenne de s’engager fermement pour la transition démocratique

Onze organisations chrétiennes européennes de solidarité, dont l'ACAT-France et la FIACAT, dénoncent - dans une tribune dans La Croix - la répression violente du gouvernement de Joseph Kabila en RDC contre toutes les initiatives pacifiques appelant à l’alternance démocratique et à des élections libres et transparentes.
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Le 23 / 02 / 2018

Tribune de 11 organisations chrétiennes dans La Croix : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/RD-Congo-Il-temps-lUnion-europeenne-sengager-fermement-transition-democratique-2018-02-23-1200916037

 

Cette tribune signée par des organisations chrétiennes européennes de solidarité (1), dénonce la répression violente du gouvernement de Joseph Kabila en RDC contre toutes les initiatives pacifiques appelant à l’alternance démocratique et à des élections libres et transparentes. Elle témoigne également des positions des organisations françaises ou européennes pour le respect des droits des personnes et notamment celui de manifester pacifiquement sans risquer pour sa vie.
De plus, elle soutient l'ensemble des organisations de la société civile congolaise qui aujourd'hui subissent des pressions intolérables du gouvernement congolais du fait de leur combat pour la démocratie et la bonne gouvernance en RDC.

En République Démocratique du Congo, plus d’un an après la fin officielle de son dernier mandat, le président Kabila se maintient encore et toujours au pouvoir. Violences, arrestations, intimidations, sont devenues les armes systématiques du gouvernement de Joseph Kabila pour mater toute contestation. Nous, organisations chrétiennes européennes de solidarité souhaitons apporter notre total soutien aux initiatives pour la démocratie du Comité Laïc de Coordination (CLC) et de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) comme celles des autres organisations de la société civile, et appelons l’Union européenne et les États-membres à prendre des mesures fortes et concertées pour mettre fin à cette situation intenable.

Un an après l’accord dit de la Saint-Sylvestre, signé le 31 décembre 2016 sous l’égide de L’Église catholique congolaise définissant la feuille de route vers des élections libres et transparentes fin 2017, Joseph Kabila se maintient à tout prix au pouvoir au mépris de la constitution de son pays, du respect des droits de l’homme et de ses concitoyens. Un cap a été franchi au cours des dernières semaines, le gouvernement congolais réprimant violemment et systématiquement toutes manifestations pacifiques.

Pressions et menaces sur des acteurs de la société civile

De manœuvres dilatoires en manipulations institutionnelles, le tout sur fond de violences, les articles de l’accord de la Saint sylvestre sont restés lettre morte. Aussi, en décembre dernier, le Comité Laïc de Coordination (CLC), lié à L’Église catholique, a lancé un appel « à se lever et marcher le 31 décembre 2017 (…) pour libérer l’avenir et faire de la RDC une terre de paix ». Un appel fortement suivi à travers le pays mais réprimé dans le sang : tirs à balles réelles, arrestations, églises envahies par les forces de l’ordre. Loin de plier face à la barbarie, de nouvelles marches ont été organisées par le CLC le 21 janvier dernier et la réponse du gouvernement Kabila fut identique. Le bilan est lourd : au moins 12 morts, des dizaines de blessés et des centaines d’arrestations. Nous, organisations chrétiennes européennes de solidarité, notons que des pressions et des menaces s’exercent quotidiennement contre des acteurs d’organisations chrétiennes de la société civile ou encore des ecclésiastiques, qu’ils soient curés de paroisses, religieux et religieuses, ou Évêques, et font craindre de nouvelles violences.

Depuis plusieurs mois, au côté de nombreuses organisations de la société civile congolaises et européennes, nous dénonçons l’impasse dans laquelle se trouve la communauté internationale, incapable de peser face à un régime congolais qui ne respecte aucun engagement. Les sanctions prononcées par l’Union européenne et les États-Unis ne concernent qu’une liste restreinte de personnalités du pouvoir mais épargnent encore Joseph Kabila et son cercle rapproché. De fait, l’Union européenne ne parle pas d’une même voix forte : certains pays membres semblent poursuivre leurs propres agendas dictés par des intérêts économiques du fait de contrats signés ou à signer ou de partenariats public-privé en développement.

Suspendre tout soutien financier à l’État congolais

En soutien à la CENCO, au CLC et à l’ensemble des mouvements citoyens congolais, nous exigeons de l’Union européenne et de ses États-membres un élargissement des sanctions déjà prises contre les hauts responsables congolais au président Joseph Kabila lui-même et à son entourage (interdiction de territoire européen, gel des avoirs et/ou des actifs liés à la famille Kabila, etc…). Il est par ailleurs urgent de suspendre tout soutien financier à l’État congolais (accords commerciaux impliquant l’aval de hauts responsables politiques congolais) mais également toute coopération sécuritaire avec les forces de l’ordre ou l’armée congolaises. Cela implique notamment l’encadrement des activités des acteurs privés ressortissants de pays européens coopérant avec les organes de sécurité congolais. Sur le plan des droits humains, nous exigeons que des pressions soient exercées sur l’État congolais pour une libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arbitrairement détenues suite aux manifestations de décembre et janvier, et notamment des nombreux militants des mouvements citoyens Filimbi et Lucha. Enfin, la mise en place d’enquêtes réellement indépendantes sur les violences des 21 janvier 2018 et 31 décembre 2017, ainsi que des mois de septembre et de décembre 2016, est indispensable pour établir les responsabilités individuelles de ces violences inadmissibles et rendre justice aux victimes et à leurs familles. L’Union européenne a aujourd’hui toutes les cartes en main pour agir avec efficacité et défendre les valeurs sur lesquelles elle est fondée.

 

(1) Les signataires :

  • Véronique Fayet, Présidente du Secours Catholique Caritas France
  • Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente du CCFD-Terre Solidaire
  • Michel Roy, Secrétaire Général de Caritas Internationalis
  • Paul Angaman, Président de la FIACAT
  • Bénédicte Tardi, Présidente de l’ACAT-France
  • Marcel Remon, Directeur du CERAS
  • Alain Paillard, secrétaire général de Justice et Paix France
  • Markus Brun, Coresponsable du département Coopération internationale, Fastenopfer/Action de Carême Suisse
  • Begona Inarra, Présidente du Réseau Foi & Justice Afrique Europe
  • Monseigneur Stenger, Président de Pax Christi France
  • Antoine Sondag, Président de l’association Aide aux Eglises d’Afrique

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