Un détenu atteint d’un cancer laissé sans soins
Le 18 / 08 / 2014
Cette action est désormais fermée. Merci à tous les signataires de la pétition ! Votre mobilisation a permis le transfert de M. Velandia a l'hôpital puis l'obtention de son assignation à résidence pour raisons humanitaires.
Détenu à la prison de Palogordo (département de Santander), Jésus Miguel Velandia León souffre d’un cancer du pancréas. Bien qu’il soit à l’évidence en phase terminale, les autorités ne le soignent pas et refusent de lui accorder le bénéfice de la détention à domicile.
Paysan de 52 ans, M. Velandia León a été arrêté pour rébellion et homicide, il a clamé son innocence. Cependant, poussé par son avocat, il a plaidé coupable et a été condamné. Il est considéré comme un prisonnier politique.
Depuis le diagnostic du cancer, il y a deux ans, l’état de santé du détenu n’a cessé de se dégrader. Il souffre à présent de douleurs osseuses permanentes qui l’empêchent de marcher ou de s’asseoir. Il ne peut plus manger qu’allongé. Les autorités le maintiennent pourtant à l’isolement et sans soins dans une cellule de l’infirmerie, c’est-à-dire dans des conditions assimilables à un traitement cruel, inhumain et dégradant.
Á la demande de l’ONG Comité de solidarité avec les prisonniers politiques (FCSPP), une professionnelle de santé indépendante a rendu visite au détenu et révisé son dossier médical. Elle a relevé des incohérences (résultats, dates) et des négligences (chirurgicales, en chimiothérapie) qui prouvent l’absence de soins réels et expliquent l’état actuel du détenu.
Pourtant début juin 2014, l’Institut national de médecine légale a osé diagnostiquer la rémission de M. Velandia León. Cet avis permet aux autorités de justifier le refus d’un transfert du détenu à l’hôpital ou son assignation à résidence pour raison humanitaire.
Des prisonniers politiques colombiens meurent régulièrement en prison faute de soins. José Albeiro Manjarres Cupitre est ainsi décédé à la prison de Palogordo en janvier 2011.
Contexte
Système carcéral en crise
Plus de 120 000 détenus sont entassés dans les prisons du pays. Ils souffrent de la promiscuité et de la violence, engendrées par la surpopulation carcérale, des conditions d’hygiène déplorables propices à la propagation de maladies (tuberculose, lèpre, hépatite, VIH, etc.) et aux intoxications alimentaires, du manque d’accès à l’eau potable et aux soins. S’ajoutent à cela des tortures et mauvais traitements infligés par des fonctionnaires de l’Institut national pénitentiaire et carcéral (INPEC) ‑ parfois même par certains directeurs de prison ‑ et par des membres de l’armée. Punitions collectives (restriction d’accès au téléphone, aux cellules, à l’électricité, à la nourriture, à l’eau potable), mises à l’isolement, pressions sur les proches en visite, simulacres d’exécution, passages à tabac, mises à nu, placements dans la position du « scorpion » (pieds et poings menottés ensemble), aspersions de gaz lacrymogène, agressions sexuelles et asphyxies sont les pratiques tortionnaires les plus courantes.
Les prisonniers politiques
Le sort réservé aux quelque 8 000 prisonniers politiques est dramatique. Il s’agit non seulement de guérilleros, de défenseurs des droits de l’homme, de militants accusés d’insurrection ou d’infractions pénales, mais aussi de personnes sans engagement particulier qui, pour servir la politique du chiffre, sont taxées de rébellion. Le conflit armé se transpose dans les prisons dont la plupart sont dirigées par des militaires à la retraite qui voient les détenus politiques comme des ennemis jurés. Ces derniers sont régulièrement agressés par des paramilitaires incarcérés bénéficiant du soutien des gardiens. Officiellement pour les protéger, en réalité pour les punir, l’administration pénitentiaire les met alors à l’isolement.