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Angola
Appel à mobilisation

Non aux détentions arbitraires de militants de la société civile

Gilson Morreira, Adolfo Campos, Abraão Pedro Santos et Hermenegildo Victor José sont arbitrairement détenus depuis le 16 septembre 2023. Leur tort : avoir voulu participer à une manifestation de solidarité avec les chauffeurs de mototaxi à Luanda.
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© Photo Nicolas lascourrèges - Montage Coralie Pouget/ACAT-France
Le 10 / 01 / 2024

Mobilisons-nous pour demander la libération de Gilson Morreira, Adolfo Campos, Abraao Pedro Santos et Hermenegildo Victor José !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique au ministre angolais de la Justice et des droits humains.

Qui sont ces quatre militants de la société civile ?

  • Gilson Morreira – alias Tanaice Neutro – est un militant et artiste qui exprime ses opinions sur des sujets sociaux tels que la pauvreté, les inégalités et la corruption à travers le kuduro, un style musical angolais. Il avait déjà fait l’objet d’une détention arbitraire entre janvier 2022 et juin 2023 après avoir qualifié le président angolais de « clown ».
  • Adolfo Campos est un militant qui exerce son droit à la liberté d’expression et de contestation depuis 2011, date à laquelle il a lancé avec d’autres jeunes un mouvement de dénonciation du régime du président de l’époque José Eduardo dos Santos, qui était marqué par la corruption, les inégalités sociales et les violations des droits humains.
  • Abraão Pedro Santos est un militant qui a pris part à de nombreuses manifestations pacifiques et qui, dans ce cadre, a fait l’objet, à plusieurs reprises, d’arrestations et de brèves détentions arbitraires.
  • Hermenegildo Victor José – alias Gildo das Ruas – est un militant qui a commencé à participer à des manifestations en 2014. En 2021, il a été emprisonné pendant six mois dans la province de Malange en raison de son militantisme pacifique.

Arrestation arbitraire et condamnation abusive

Gilson Morreira, Adolfo Campos, Abraão Pedro Santos et Hermenegildo Victor José ont été arrêtés le 16 septembre 2023, quelques heures avant de participer à une manifestation de solidarité avec les chauffeurs de mototaxi à Luanda. Ils n’ont opposé aucune résistance lors de leur arrestation, s’allongeant simplement au sol.Trois jours plus tard, ils ont été jugés et condamnés, à l’issue d’un procès sommaire, à deux ans et cinq mois de prison et à une amende de 80 000 kwanzas (environ 88 euros) pour « désobéissance et résistance à des ordres ». Aucune preuve n’a été produite devant le tribunal pour justifier cette condamnation.Leurs avocats ont interjeté appel, mais leur recours a été rejeté par le tribunal.

Des conditions de détention difficiles

Depuis le 27 octobre 2023, trois des quatre militants ne sont autorisés à recevoir des visites que de leur épouse et de leur avocat. Deux d’entre eux ont dû faire une grève de la faim durant leurs deux premières semaines d’emprisonnement pour permettre à leurs épouses de leur apporter directement de la nourriture ce que l’administration pénitentiaire empêchait. La santé et la sécurité des quatre militants suscitent des inquiétudes. Adolfo Campos est détenu dans une cellule avec plus de 100 autres détenus où les rixes et les agressions à l’arme blanche sont régulières. Adolfo Campos affirme perdre progressivement la vue et ne reçoit pas de soins médicaux pour y remédier. Gilson Morreira aurait dû subir en novembre 2023 une opération chirurgicale, ce qui ne lui a pas été permis. Il a passé ses 36 premiers jours de détention à l’isolement sans raison apparente.

Contexte

Dans un contexte de crise socio-économique importante en Angola et d’une montée d’un mécontentement populaire à l’encontre du pouvoir en place, les forces de défense et de sécurité angolaises ont commis de nombreuses et graves violations des droits humains à l’encontre de militants politiques et de manifestants pacifiques depuis janvier 2023, dont plus d’une douzaine d’homicides illégaux. La police angolaise cible tout particulièrement ceux qui ont organisé ou participé à des activités dites antigouvernementales : militants, artistes et organisateurs de manifestations… Depuis l’impopulaire décision du gouvernement de couper les subventions aux carburants, qui a fait grimper les prix de l’essence et réduit le pouvoir d’achat, le pays est sous tension et de nombreuses manifestations sont organisées dans divers secteurs de la société.

Répression des mouvements sociaux dans le pays

Le 22 mai 2023, un groupe d’environ 400 vendeurs ambulants – plus couramment appelés « zungueiras » - ont manifesté de manière spontanée contre le programme du gouvernement provincial de Luanda visant à mettre fin à la vente ambulante dans la capitale angolaise. Les « zungueiras » ont été dispersés avec violence par la police. Le 5 juin 2023, des chauffeurs de taxi ont manifesté à Huambo, dans le centre du pays, pour dénoncer la fin des subventions aux carburants. La police a tiré à balles réelles pour disperser les manifestants causant la mort d’au moins cinq personnes – dont un enfant de 12 ans – et blessant de nombreuses autres personnes. Plus de 30 personnes ont également été arrêtées pour avoir exercé leur droit de manifester.  

Plus de 100 personnes, notamment des femmes et des personnes âgées, ont été arrêtées le 8 octobre 2023 par la police dans la province orientale de Lunda Sul, dans l’est du pays, à la suite de manifestations antigouvernementales. Les manifestants protestaient contre la cherté du coût de la vie, la corruption et la défaillance des services publics et plus largement contre les autorités au pouvoir à Luanda.

Une volonté de contrôler la société civile

Le 25 mai 2023, l’Assemblée nationale angolaise a approuvé le projet de loi relatif au statut des organisations non gouvernementales qui limite le droit d’association et accorde aux autorités un pouvoir d’ingérence dans les activités des associations. Le 2 juin, quatre militants ont été arrêtés à Luanda et maintenus en détention pendant trois jours pour avoir protesté contre ce projet de loi. Ils ont été condamnés à une amende de 50 000 kwanzas chacun (environ 55 euros).

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