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Angola
Bonne nouvelle

Libération conditionnelle de Luaty Beirao et de ses camarades

Luaty Beirao et ses camarades sont libres depuis mercredi 29 juin 2016. Ils sont assignés à résidence le temps que la requête en habeas corpus devant la Cour constitutionnelle soit examinée et que sa décision soit rendue. Il s'agit d'une première victoire en vue de leur libération définitive et de l'abandon des charges et des peines retenues contre eux.
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Le 30 / 06 / 2016

 

Paris, le 30 juin 2016 : La Cour suprême de Luanda a ordonné, mercredi 29 juin 2016, la libération conditionnelle de Henrique Luaty da Silva Beirão (« Ikonoklasta ») et ses seize camarades - Manuel Chivonde (« Nito Alves »), Nuno Álvaro Dala, Afonso Mahenda Matias (« Mbanza Hamza »), Nelson Dibango Mendes dos Santos, Hitler Jessy Chivonde (« Hitler Samussuko »), Albano Evaristo Bingobingo, Sedrick Domingos de Carvalho, Fernando António Tomás (« Nicolas o Radical »), Arante Kivuvu Italiano Lopes, Benedito Jeremias, José Gomes Hata (« Cheick Hata »), Inocêncio Antônio de Brito, Osvaldo Sérgio Correia Caholo, Domingos da Cruz, Laurinda Gouveia et Rosa Conde - le temps que la requête en habeas corpus devant la Cour constitutionnelle soit examinée et que sa décision soit rendue.

Dans la même journée, plusieurs d’entre eux ont quitté librement l’hôpital pénitentiaire de Sao Paulo, à Luanda, afin de rejoindre leurs domiciles. Ils sont tous assignés à résidence le temps de connaître la décision finale de la Cour constitutionnelle. Alors qu'ils marchaient dans les rues de la capitale angolaises, ils ont scandé : « La lecture est pas un crime ».

L’ACAT appelle à ce que la requête en habeas corpus formée devant la Cour constitutionnelle soit rapidement examinée et ce de manière indépendante et impartiale. « Le droit doit enfin être dit et appliqué dans cette affaire trop longtemps politisée par le régime en place » indique Clément Boursin, Responsable Afrique à l’ACAT. L’ACAT restera vigilante sur le suivi de cette affaire, comme nombre de ses partenaires internationaux.

« Il s’agit clairement d’une première victoire en vue de faire annuler la décision en première instance, qui a condamné injustement ces dix-sept jeunes militants à de lourdes peines de prison : de deux à huit ans de prison pour avoir simplement discuté de démocratie et d’alternance politique autour d’un livre » rappelle Clément Boursin, Responsable Afrique à l’ACAT.

Cette décision arrive grosso modo un an après leur arrestation. Durant tout ce laps de temps, l’ACAT s’est mobilisée pour que leur sort ne soit pas oublié. La dernière mobilisation publique remonte au 21 juin 2016, avec l’organisation, à Paris, d’un concert de rap en soutien à Luaty Beirao et ses camarades.

 

Une situation des droits de l’homme en constante dégradation

« Ne soyons toutefois pas dupes : ces libérations sont des gestes de bienveillance du régime –en place depuis 1979 – destinés à la communauté internationale alors que les autorités angolaises négocient des prêts de plus de 6 milliards de dollars avec différents bailleurs de fonds internationaux, dont le FMI » révèle Responsable Afrique à l’ACAT.

Ces libérations permettent au régime de dire que les autorités angolaises sont respectueuses des droits de l’homme et que les autorités judiciaires du pays sont indépendantes.

L’Angola, en plein marasme économique, a besoin d’aide de ses principaux bailleurs de fonds et partenaires bilatéraux pour éviter une crise sociale majeure aux conséquences politiques imprévisibles pour le régime de José Eduardo dos Santos.

L’ACAT exhorte l’Union européenne et ses Etats membres à accompagner l’Angola à sortir de cette crise, avec des conditions : un respect scrupuleux des droits de l’homme par les autorités, une amélioration conséquente de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit et de la lutte contre la corruption et un partage plus équitable des richesses du pays. Car la situation des droits de l’homme en Angola n’a fondamentalement pas changé avec ces libérations.

Dans les provinces de Lunda Norte et Lunda Sul, les populations locales et les ressortissants congolais venus trouver un emploi, notamment dans le secteur informel des diamants, font l’objet de violences continues de la part des forces de défense et de sécurité et de milices privées liées aux compagnies diamantifères. Depuis décembre 2003, plusieurs dizaines de milliers de congolaises ont fait l’objet de violences sexuelles lors de leurs expulsions.

L’impunité des membres des forces de défense et de sécurité est notoire dans le pays pour tout type de violences (arrestation arbitraire, torture, exécution sommaire, disparition forcée etc.). Le massacre de centaines de civils commis à Monte Sumé, dans la province de Huambo, en avril 2015, est l’exemple récent le plus flagrant en la matière[1].

Les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme qui s’intéressent de près aux droits de l’homme, font l’objet d’intimidations et de harcèlement judiciaire et ne peuvent pas compter sur les institutions nationales de protection des droits de l’homme, qui sont dans les faits inexistantes. Dans la province du Cabinda, où un conflit de basse intensité perdure entre l’armée angolaise et les indépendantistes du FLEC, plus aucune association de défense des droits de l’homme n’est, par exemple, en mesure de travailler librement du fait des restrictions imposées par les autorités aux libertés d’expression, d’association et de réunion.

 

Rappel des faits concernant l’affaire des dix-sept jeunes

Le 28 mars 2016, Henrique Luaty da Silva Beirão, Manuel Chivonde, Nuno Álvaro Dala, Afonso Mahenda Matias, Nelson Dibango Mendes dos Santos, Hitler Jessy Chivonde, Albano Evaristo Bingobingo, Sedrick Domingos de Carvalho, Fernando António Tomás, Arante Kivuvu Italiano Lopes, Benedito Jeremias, José Gomes Hata, Inocêncio Antônio de Brito, Osvaldo Sérgio Correia Caholo, Domingos da Cruz, Laurinda Gouveia et Rosa Conde ont été condamnés par le Tribunal provincial de Luanda à des peines de 2 à 8 ans et demi de prison, pour « tentative de coup d’Etat et association de malfaiteurs ».

Ils avaient pour la plupart participé, le 20 juin 2015, à un atelier de réflexion sur les stratégies non-violentes à utiliser pour mener à bien une transition politique. Ils discutaient autour du livre de Gene Sharp « De la dictature à la démocratie », traduit en portugais par Domingos da Cruz. Considéré comme le leader du groupe, ce dernier a été condamné à la peine la plus lourde : 8 ans et 6 mois pour « tentative de coup d’Etat et association de malfaiteurs ».

Le rappeur Luaty Beirao a été condamné à 5 ans et demi de prison pour « rébellion contre le président de la République, association de malfaiteurs et falsification de documents ».

Les 17 jeunes ont toujours nié les charges qui pesaient sur eux. Les peines ont été prononcées sur la base d’aucune preuve concrète et à l’issue d’un procès-fleuve, entamé le 16 novembre 2015 et qui était censé durer 3 jours. La procédure a été interrompue à douze reprises et de nombreux vices de procédures ont été constatés.

« Ces condamnations étaient politiques. Le tribunal - clairement aux ordres du pouvoir exécutif - a voulu punir cette jeunesse angolaise qui a eu l’audace et le courage d’utiliser ses droits de s’exprimer et de se réunir pacifiquement sur une thématique sensible : l’alternance démocratique en Angola » rappelle Clément Boursin, Responsable Afrique à l’ACAT.

 

Contacts :

Clément Boursin, Responsable des Programmes Afrique, ACAT France : clement.boursin@acatfrance.fr 01 40 40 02 11

 

[1] Communiqué de presse de l’ACAT : « L’ONU doit enquêter sur le massacre présumé de São Pedro Sumé », 20 mai 2015, http://www.acatfrance.fr/communique-de-presse/lonu-doit-enqueter-sur-le-massacre-presume-de-sao-pedro-sume

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