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Angola
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Une activiste politique torturée par la police pour avoir manifesté pacifiquement contre le pouvoir

Le 23 novembre 2014, Laurinda Gouveia, étudiante et membre du collectif Central Angola 7311 – groupe de jeunes militants hostiles au président angolais José Eduardo dos Santos au pouvoir depuis 34 ans – a été torturée durant deux heures.
Laurinda gouveia
Le 06 / 01 / 2015

Le 23 novembre 2014, Laurinda Gouveia, étudiante et membre du collectif Central Angola 7311 – groupe de jeunes militants hostiles au président angolais José Eduardo dos Santos au pouvoir depuis 34 ans – a été torturée durant deux heures.

Laurinda Gouveia a été arrêtée par la police alors qu’elle filmait trois autres activistes de Central Angola 7311, qui manifestaient à Luanda, en hommage à un militant politique tué un an plus tôt par la garde présidentielle.

Un policier lui a arraché son téléphone des mains. Un autre l’a frappée au visage. Laurinda Gouveia a ensuite été traînée par les cheveux jusqu’à un véhicule de police, puis conduite au niveau de l’Institut commercial de Luanda, non loin de là. Alors qu’elle était menottée, un officier supérieur de la police a hurlé : « Oh toi, sale p***, tu es là pour mettre le bordel », puis l’a frappée au visage. Les six policiers et agents des services de renseignements présents l’ont ensuite rouée de coups avec des matraques, des câbles et des barres de fer. La jeune femme s’est évanouie à plusieurs reprises au cours de son calvaire qui a duré deux heures.

Alors qu’elle croyait mourir, les policiers l’ont finalement jetée évanouie sur la chaussée à 300 mètres du lieu où elle avait été torturée. Des passants l’ont emmenée à l’hôpital public.Le lendemain, elle a été admise dans une clinique privée.

Au cours de la séance de torture, les policiers lui ont clairement fait comprendre qu’ils connaissaient son identité et son adresse et l’ont menacé de revenir pour la tuer si elle poursuivait ses activités politiques.

Un régime autocratique au pouvoir depuis 1979

Depuis la fin de la guerre civile en 2002, l’Angola est en pleine reconstruction. Sa croissance économique impressionnante, et sa domination politique voire militaire sur ses voisins congolais (RD Congo et Congo-Brazzaville) lui ont permis de redevenir une puissance géostratégique majeure dans la sous-région. Mais sur le plan interne, peu d’efforts ont été consentis par le régime en place pour améliorer la situation des droits de l’homme et œuvrer en faveur de l’ouverture démocratique et de la bonne gouvernance dans le pays. Il faut dire que le président, José Eduardo dos Santos est au pouvoir depuis 1979 et que son clan, famille et généraux, ont amassé une grande fortune après plus de 30 ans de mainmise sur le pays.

Une frange de la jeunesse contestataire

Les mouvements d’opposition politique au sein de la jeunesse qui manifestent contre le pouvoir et la corruption font l’objet d’une répression continue. Depuis mars 2011, plusieurs manifestations pacifiques organisées à Luanda pour réclamer une alternance politique ont été réprimées avec un usage excessif de la force par des policiers et des personnes non identifiées. Un nombre important de jeunes ayant participé à l’organisation de ces manifestations ou ayant assisté à de tels événements ont été intimidés, enlevés, frappés et torturés par des hommes armés en tenue civile, vraisemblablement des membres des services de sécurité de l’État. Les membres du collectif Central Angola 7311 ont particulièrement été la cible d’agressions en marge de ces manifestations.

Une police autorisée à user de la violence

Le règlement disciplinaire actuellement en vigueur au sein de la police nationale autorise l’usage de la violence et des mauvais traitements en cas de résistance, de fuite ou de tentative de fuite. Il autorise également l’usage des armes à feu lorsqu’un supérieur le demande en vue de maintenir l’ordre public ou en vue de procéder à des arrestations.

Vous pouvez agir auprès des autorités angolaises en envoyant cette lettre.

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