Répression contre des jeunes activistes politiques
Le 20 juin 2015, quatorze jeunes hommes, Luaty da Silva Beirão, Nuno Alvares Dala, Manuel Nito Alves, Nelson Dibango, Alfonso Matias (alias Mbanza Hanza), Sedrick de Carvalho, Nicolas o Radical, Hitler Samussuko, Arantes Kivuvu, Valdemiro, Albano Bingo, Sheik Hata, Inocêncio Drux, Osvaldo Caholo, membres de Central Angola 7311 ou de Movimento Revolucionario Angolano - mouvements de jeunes prônant l’alternance politique démocratique - ont été arrêtés alors qu’ils participaient, à Luanda, à un atelier de réflexion autour du livre de Gene Sharp : « De la dictature à la démocratie : un cadre conceptuel pour une libération » qui décrit des moyens de résistance non violente pour faire face aux régimes répressifs. Les jeunes hommes étaient alors réunis pour réfléchir aux stratégies pacifiques de protestation contre le régime du Président José Eduardo dos Santos, au pouvoir depuis 1979.
Les arrestations ont été menées, sans mandat, par des policiers du Serviço de Investigaçao Criminal. Des perquisitions et des saisies ont ensuite été effectuées dans les domiciles de ces activistes.
Le lendemain, M. Domingos da Cruz, journaliste et universitaire, a été arrêté dans la ville de Santa Clara. La veille, il avait discuté avec ces jeunes de son livre « Outils pour détruire une dictature et empêcher une nouvelle dictature » dans lequel il explique le principe de la désobéissance civile.
Le 24 juin 2015, le général João Maria de Sousa, procureur de la République, a confirmé la détention de ces quinze personnes, écrouées pour avoir préparé des actes de désobéissance civile et pour avoir tenté de destituer le Président de la République. « Ces actes constituent des crimes contre la sécurité de l’État, en tant que crimes de rébellion » a déclaré João Maria de Sousa.
Se réunir pacifiquement afin de discuter d’un moyen pacifique pour favoriser l’alternance démocratique dans un pays ne constitue pas un crime selon le droit angolais et international.
Ces quinze personnes doivent être libérées immédiatement et sans conditions !
Un régime autocratique au pouvoir depuis 1979
Depuis la fin de la guerre civile en 2002, l’Angola est en pleine reconstruction. Sa croissance économique impressionnante, et sa domination politique voire militaire sur ses voisins congolais (RD Congo et Congo-Brazzaville) lui ont permis de redevenir une puissance géostratégique majeure dans la sous-région. Mais sur le plan interne, peu d’efforts ont été consentis par le régime en place pour améliorer la situation des droits de l’homme et œuvrer en faveur de l’ouverture démocratique et de la bonne gouvernance dans le pays. Il faut dire que le président, José Eduardo dos Santos est au pouvoir depuis 1979 et que sa famille, son clan, et les généraux, ont amassé une grande fortune après plus de 30 ans de mainmise sur le pays.
Une frange de la jeunesse contestataire
Les mouvements d’opposition politique au sein de la jeunesse - Central Angola 7311 et Movimento Revolucionario Angolano (Mouvement révolutionnaire d’Angola) - qui manifestent contre le pouvoir et la corruption font l’objet d’une répression continue. Depuis mars 2011, plusieurs manifestations pacifiques organisées à Luanda pour réclamer une alternance politique ont été réprimées avec un usage excessif de la force par des policiers et des personnes non identifiées. Un nombre important de jeunes ayant participé à l’organisation de ces manifestations ou ayant assisté à de tels événements ont été intimidés, enlevés, frappés et torturés par des hommes armés en tenue civile, vraisemblablement des membres des services de sécurité de l’État. Les membres du collectif Central Angola 7311 et Movimento Revolucionario Angolano ont particulièrement été la cible d’agressions en marge de ces manifestations.
Une police autorisée à user de la violence
Le règlement disciplinaire actuellement en vigueur au sein de la police nationale autorise l’usage de la violence et des mauvais traitements en cas de résistance, de fuite ou de tentative de fuite. Il autorise également l’usage des armes à feu lorsqu’un supérieur le demande en vue de maintenir l’ordre public ou en vue de procéder à des arrestations.