Nguyen Van Hoa est sorti de prison pour être placé en résidence surveillée
Il n’avait fait qu’informer ses concitoyens en contribuant à révéler une des pires crises environnementales et sanitaires que le Vietnam ait connues. Ses conséquences sociales impactent toujours la société. Pour cela, il avait été arrêté arbitrairement le 11 janvier 2017 par la police de la province de Ha Tinh et fait l’objet d’un procès au secret, sans représentation légale.
Au cours de cette procédure arbitraire, il avait été soumis à des tortures et des mauvais traitements pour lesquels il avait porté plainte auprès des autorités vietnamiennes, en vain.
L’ACAT-France s’est mobilisée et a interpellé à de nombreuses reprises les autorités françaises et européennes sur son état de santé, sur lequel sa famille alertait depuis la fin de l’année 2021. Il subissait de forts maux de tête, présentait une température corporelle élevée, des réactions épidermiques et des douleurs au foie qui laissaient penser à une tumeur à cet organe. Les examens médicaux et visites à l’hôpital qu’il a demandé ne lui ont pas été accordées. Maintenant qu’il est sorti de détention, il devrait enfin bénéficier d’une prise en charge médicale adaptée.
Libéré mais assigné à résidence : la vigilance demeure
Nguyen Van Hoa est encore assigné à résidence pourtrois ans. Mais les autorités vietnamiennes appliquent des restrictions croissantes aux actions des militants écologistes au Viêtnam, par le biais d’un arsenal législatif étendu, notamment en ce qui concerne leur surveillance. La situation est telle que des experts des Nations unies avaient appelé les autorités vietnamiennes à garantir aux militants écologistes des protections spécifiques afin qu’ils puissent exercer librement leurs droits.
Il est à attendre que son assignation à résidence soit le prétexte à de nombreux contrôles et visites soudaines des autorités à son domicile : la communauté internationale doit rester vigilante et mobilisée, pour s’assurer que les droits et l’intégrité physique de Nguyen Van Hoa soient respectés.
Les prisons vietnamiennes, des mouroirs pour les journalistes
En tant que journaliste, Nguyen Van Hoa n’est malheureusement pas un cas isolé. Pham Doan Trangou les trois journalistes de l’Association des Journalistes Indépendants du Viêtnam (IJAVN) sont également victimes de l’arbitraire, pour le simple fait d’avoir exercé leur travail… Selon l’édition 2023 du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF), le Viêtnam ne cesse de perdre des places au classement et se situe désormais à la 178ème place sur 180. Toujours selon RSF, le pays est « la troisième prison au monde pour les journalistes ».
Ces prisons sont également des mouroirs. Les conditions de détention sont régulièrement dénoncées par la communauté internationale. Récemment, l’ACAT-France s’est mobilisée pour obtenir la libération immédiate de Le Huu Minh Tuan, dont l’état de santé est particulièrement alarmant : il risque de mourir en prison.
À l’évidence, ces mauvais traitements et les peines particulièrement sévères spécifiquement infligées aux journalistes sont en violation des droits à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et d’association pacifiques, au droit à un procès équitable et au respect de l’ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus.