J'agis pour Franklin Mowha
Franklin Mowha, président de l’association de défense des droits humains Front des défenseurs pour l’intérêt citoyen (Frontline Fighters for Citizen Interest) et membre du Réseau de défense des droits humains en Afrique centrale (REDHAC), avec lequel l’ACAT-France travaille régulièrement, est porté disparu depuis le 6 août 2018. Aux dernières nouvelles, il documentait des violations des droits humains dans la région anglophone du Sud-Ouest.
Après avoir tenté de l’appeler pendant une semaine, ses proches ont fini par se résigner à le joindre, son téléphone n’émettant plus aucun signal. Depuis, associés à d’autres ONG locales, ils se sont tournés vers les autorités camerounaises et ont porté plainte pour disparition. Ces dernières restent silencieuses. M. Mowha se sentait menacé depuis quelques temps. Il avait déjà été arrêté et détenu à plusieurs reprises.
Les autorités camerounaises, respectueuses du droit international, ont des obligations en ce qui concerne la protection des défenseurs des droits humains. Elles doivent impérativement entreprendre les enquêtes nécessaires en vue de retrouver Franklin Mowha et informer sa famille et ses proches de l’endroit où il pourrait être détenu, de ses conditions de détention et de sa situation judiciaire.
Des régions anglophones en guerre
Depuis le mois d’octobre 2016, un vent de protestation souffle sur les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays. Au départ, portée par des avocats, des enseignants et des étudiants contre la « francophonisation » du système législatif et éducatif camerounais, la contestation s’est transformée, depuis septembre 2017, en véritable conflit armé opposant séparatistes anglophones et autorités camerounaises. Face à la répression sanglante des manifestations pacifiques durant plus d’une année et l’emprisonnement de plusieurs leaders modérés, des anglophones camerounais ont décidé de prendre les armes et de combattre l’État central pour obtenir une sécession avec le Cameroun. Depuis, séparatistes et forces de défense et de sécurité s’affrontent et commettent chacun des exactions sur les populations civiles : exécutions sommaires, tortures, violences sexuelles, pillages, villages brûlés… Les habitants des régions anglophones, terrorisés et pris en otage par les parties au conflit, fuient en nombre. Quant à la société civile locale, elle fait face à la peur des représailles en cas de dénonciation des exactions commises. La disparition forcée de Franklin Mowha a vraisemblablement découragé de nombreux militants à faire leur travail sur le terrain…
N’oublions pas Franklin Mowha ! Agissons pour que sa famille reçoive enfin de ses nouvelles.