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Deux défenseurs maintenus en détention au Cabinda

José Marcos Mavungo et Arao Bula Tempo sont détenus arbitrairement dans la province du Cabinda. Leur tort, avoir organisé une manifestation en vue de dénoncer les violations des droits de l’homme et la gestion des fonds publics dans la province
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Le 07 / 04 / 2015

José Marcos Mavungo et Arao Bula Tempo sont détenus arbitrairement dans la province du Cabinda, une enclave de l’Angola située entre le Congo et la République démocratique du Congo (RDC). Leur tort, avoir organisé une manifestation – qui n’a pas été autorisée et qui n’a pas pu avoir lieu – en vue de dénoncer les violations des droits de l’homme et la gestion des fonds publics dans la province.

José Marcos Mavungo, ancien membre de l’organisation de défense des droits de l’homme Mpalabanda – arbitrairement interdite par les autorités en 2006 – a été arrêté le 14 mars 2015 dans l’enceinte d’une église où il allait assister à une messe. Ce jour-là, il devait animer l’action de protestation pacifique. Mais cette manifestation a été interdite par le gouverneur de Cabinda. Selon ce dernier, cette manifestation représentait « un manque de respect et de considération envers la population et les institutions gouvernementales ».

Maître Arao Bula Tempo, avocat et président du conseil provincial de l’Association du barreau de l’Angola au Cabinda, a été arrêté le même jour, à proximité de la frontière avec le Congo où il se rendait pour y recevoir des soins. Une semaine plus tôt, le 6 mars, il avait prononcé un discours dans lequel il soulignait la nécessité de garantir l’indépendance des avocats à Cabinda et dans d’autres régions de l’Angola.

Le 16 mars, José Marcos Mavungo a été inculpé de « sédition ».

Ces deux défenseurs des droits de l’homme n’ont commis aucun délit. Ils ont simplement usé de leur droit à la liberté d’expression, un droit reconnu par la Constitution angolaise, dans une province en proie à un conflit de basse intensité depuis 1975.

José Marcos Mavungo et Arao Bula Tempo doivent être libérés. À vous d’agir !

Contexte

Un conflit de basse intensité

L'enclave de Cabinda, riche en pétrole, est le théâtre de troubles séparatistes depuis son annexion par l'Angola en 1975, après l'indépendance de cette ancienne colonie portugaise. Un accord de paix a pourtant été signé en 2006 entre les autorités angolaises et Antonio Bento Bembe, le dirigeant d'une des branches du Front pour la libération de l'enclave de Cabinda (FLEC). Mais cet accord a vite été dénoncé par d'autres factions du mouvement indépendantiste, par des membres de la société civile et des membres du clergé. Depuis lors, la province du Cabinda reste en proie à un conflit de basse intensité entre l’armée angolaise et les indépendantistes qui continuent de mener des actions de guérilla sporadiques contre l'armée angolaise. Dans ce contexte, le gouvernement angolais maintient une présence militaire forte dans l'enclave, d’autant plus que ce territoire stratégique produit 60 % du pétrole de l'Angola. La majeure partie des 400 000 habitants vit dans la pauvreté et ne profite pas de l’argent du pétrole.

Restriction du droit à la liberté d'expression, d'association et de réunion

Il n’existe plus aucune association de défense des droits de l’homme en mesure de travailler librement au Cabinda. L’association Mpalabanda Associação-Cívica de Cabinda (association civique du Cabinda) a été interdite le 20 juillet 2006 par le tribunal provincial du Cabinda l'accusant, sans preuves, d'incitation à la violence. Mpalabanda avait été créée le 14 mars 2004. Elle était la seule organisation de défense des droits de l’homme active au Cabinda. Elle enquêtait sur les violations des droits de l’homme commises par toutes les parties au conflit. En août 2006, les représentants de Mpalabanda ont interjeté appel devant la Cour suprême à Luanda. Jusqu’à ce jour, les autorités judiciaires n'ont pas donné suite à cet appel et aucune audience n'a été programmée. En novembre 2011, d'anciens membres de Mpalabanda, ainsi que d'autres défenseurs des droits de l’homme et représentants de la société civile, ont signé une pétition demandant à la Cour suprême d'examiner l'appel de Mpalabanda, déposé en 2006, et la lui ont envoyée. Depuis lors, pratiquement plus aucune information ne sort de la province.

Vous pouvez agir en faveur de José Marcos Mavungo et Arao Bula Tempo en envoyant cette lettre.

 

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