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Vietnam
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Des prisonniers de conscience en grève de la faim pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de détention

Au moins trois prisonniers de conscience du camp n°6 de Thanh Chuong, dans la province de Nghe An, en sont à un mois de grève de la faim, initiée pour protester contre le retrait des ventilateurs de leurs cellules par l’administration pénitentiaire, en pleine canicule estivale. Le motif évoqué : ils étaient en panne.
(c) sipa
(c) Sipa
Le 11 / 07 / 2019

[Mise à jour du 29/07/19]

Les prisonniers de conscience de la prison n°6 de Thanh Chuong ont mis un terme à leur grève de la faim le 21 juillet 2019, après que les autorités pénitentiaires ont accédé à leurs demandes relatives à l’amélioration des conditions de détention. Des ventilateurs électriques ont été réinstallés dans leurs cellules, et leur droit à passer des coups de téléphone a été rétabli.


Cela fait désormais un mois que Truong Minh Duc, Nguyen Van Tuc et Dao Quang Thuc mènent une grève de la faim pour réclamer que des ventilateurs soient réinstallés dans leur cellule.

La région du centre-nord du Vietnam, où se trouve la prison n°6, connait régulièrement des pics de chaleur pouvait atteindre jusqu’à 50°C à cette période de l’année.

Le 20 juin dernier, l’épouse du défenseur des droits humains Truong Minh Duc [qui purge actuellement une peine de 12 ans de prison] lui a rendu visite, et a témoigné par la suite de la faiblesse physique de son mari. Celui-ci lui a déclaré que les températures étaient si élevées dans les cellules, qu’il « n’aura peut-être pas la chance d’être réuni avec elle [une fois sorti de prison] ».

Les cellules dans lesquelles sont détenus les prisonniers de conscience, séparés du reste des prisonniers, sont généralement très basses de plafond, et leur toit est en tôle ondulée. Sans ventilation, les personnes fragiles, âgées ou cardiaques, sont à risque.

Un mois après cette mesure hautement répréhensible, les autorités pénitentiaires de la prison de Thanh Chuong n’ont toujours pas réinstallé de ventilation, malgré les demandes écrites formulées par les prisonniers.

En plus d’être contraire aux engagements pris par le Vietnam lors de la ratification de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains et dégradants, ces actes sont en violation de sa propre Constitution, dont l’article 20 garantit que « nul ne sera soumis à la torture […] ou toute forme de traitement portant atteinte à leur intégrité physique et leur santé. »

Rappelons également que l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (règles Nelson Mandela) fixe dans sa règle 13 que : « Tous les locaux de détention et en particulier ceux où dorment les détenus doivent répondre à toutes les normes d’hygiène, compte dûment tenu du climat, notamment en ce qui concerne […] la ventilation. »

 

L’ACAT enjoint les autorités vietnamiennes à prendre des mesures immédiates pour garantir la conformité de ses prisons avec les lois nationales ainsi que les textes internationaux ratifiés par le Vietnam, et s'assurer qu'aucun prisonnier n'est soumis à de la torture ou des mauvais traitements. Nous exhortons également les autorités à effectuer une visite d'inspection à la prison n°6 de Thanh Chuong afin de s'assurer que la ventilation a été rétablie dans toutes les cellules.

 

La grève de la faim, seul recours des prisonniers de conscience

Face à l’échec des recours prévus par la loi, de nombreux prisonniers se tournent vers la grève de la faim pour tenter d’améliorer leur sort et celui de leurs camarades d’infortune. Ce recours n’est pas sans danger pour leur santé, car la faiblesse physique vient s’ajouter aux conditions de vie déjà extrêmement difficiles des prisons vietnamiennes. Surpopulation des structures, non-respect des normes d’hygiène, manque de lumière naturelle et d’exercice physique, nourriture de mauvaise qualité et insuffisante, utilisation de chaînes en tant que sanction, restrictions de sorties : ces conditions de détention constituent à de nombreux égards des violations de l’Ensemble des règles minima sur le traitement des détenus des Nations Unies (règles Nelson Mandela). Elles favorisent le développement de nombreuses infections et maladies chez les prisonniers, notamment des soucis intestinaux et des maladies de peau. Des traitements médicaux adéquats sont souvent refusés aux défenseurs des droits humains emprisonnés, qui constituent une catégorie à part de prisonniers.

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