République Dém. du Congo
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Au moins dix-huit militants de mouvements citoyens arbitrairement détenus

Ils sont au moins dix-huit jeunes femmes et hommes, membres des mouvements citoyens Filimbi et la Lutte pour le changement (Lucha), détenus dans des prisons de diverses villes de la République démocratique du Congo (RDC). Ils ont été arrêtés arbitrairement entre le 29 et le 30 décembre 2017. Leur tort : avoir sensibilisé les populations à venir participer à la marche pacifique, prévue par l’Eglise catholique, ayant pour but de dénoncer la non application de l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016 qui prévoyait une élection présidentielle avant fin 2017.
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Le 15 / 01 / 2018

Ils sont au moins dix-huit jeunes femmes et hommes, membres des mouvements citoyens Filimbi et la Lutte pour le changement (Lucha), détenus dans des prisons de diverses villes de la République démocratique du Congo (RDC). Ils ont été arrêtés arbitrairement entre le 29 et le 30 décembre 2017. Leur tort : avoir sensibilisé les populations à venir participer à la marche pacifique, prévue par l’Eglise catholique, ayant pour but de dénoncer la non application de l’Accord de la Saint Sylvestre du 31 décembre 2016 qui prévoyait une élection présidentielle avant fin 2017.

Afin d’empêcher les populations congolaises de manifester contre l’absence du scrutin présidentiel, le régime en place, au mépris des lois, a interdit la marche du 31 décembre 2017 et a lancé une vague d’arrestations parmi les mouvements citoyens de la jeunesse congolaise.

Arrestation de militants de Filimbi à Kinshasa et Kindu

Roger Katanga Mwenuyemali, membre de Filimbi, a été arrêté, sans mandat, le 29 décembre 2017 à Kindu. Il a été conduit dans un poste de police à Kindu et accusé d’avoir nui à la sécurité nationale. Le 2 janvier 2018, il a comparu devant un juge puis a été transféré dans la prison générale de Kindu.

Le 30 décembre 2017, Grâce Tshiunza, Carbone Beni, Mino Bompomi, Bony Dickson Mputu, Palmer Kabeya, Cedric Kalonji, membres de Filimbi, ont été arrêtés, sans mandat, dans la commune de N’Djili à Kinshasa. Le 2 janvier 2018, ils ont été remis à l’Agence nationale de renseignements (ANR), mais jusqu’à ce jour, on ignore où ils se trouvent précisément. Ils ont depuis été inculpés « d’outrage au chef de l’Etat et incitation à la révolte » sans fondement juridique. Arciel Beni, arrêté en même temps qu’eux, a été libéré le 31 décembre.

On ignore où se trouve Palmer Kabeya.

Arrestation de militants de La Lucha à Kananga

Le 29 décembre 2017, à Kananga, dans le Kasaï-Central, onze militants de la Lucha ont été interpellés alors qu’ils s’apprêtaient à manifester pour exiger le départ du Président Kabila. Le ministère public a requis une peine de trois ans de prison ferme pour « provocation à la désobéissance aux lois » en se basant sur l’arrêté du maire de Kananga qui interdisait toute manifestation sur la voie publique ; arrêté qui viole l’article 26 de la Constitution, laquelle garantit la liberté de manifestation en RDC. Les militants, âgés en moyenne de 25 ans, ont été placés en détention provisoire. Ils ont entamé une grève de la faim pour témoigner de la partialité de la justice dans le pays. Le 5 janvier 2018, ces militants ont porté plainte contre le maire de Kananga, Muamba Kantu Kanjila, pour des faits de « séquestration, arrestation arbitraire, tortures et coups et blessures ».

 

Le 31 décembre, les forces de défense et de sécurité ont attaqué certaines églises et leurs fidèles à Kinshasa et dans d’autres communes du pays avec, selon les Nations unies, un bilan d’au moins huit morts et 141 interpellations. Plusieurs militants de mouvements citoyens ont également été violentés dans les rues, notamment à Beni et à Kasindi, où la Lucha a déposé plainte contre des officiers de police accusés d’avoir torturé une quinzaine de leurs militants.

Ces évènements gravissimes, symbole d’une dérive répressive de plus en plus visible du régime Kabila, constituent des atteintes graves à la liberté d’expression et au droit de réunion pacifique.  Mobilisons-nous pour faire libérer ces jeunes militants congolais injustement emprisonnés !

 

Contexte

 

Un pouvoir de plus en plus répressif

Depuis janvier 2015, le régime au pouvoir harcèle de manière continue les membres de la société civile et de l’opposition qui se mobilisent en vue du respect de la Constitution. Cette Constitution ne prévoit que deux mandats présidentiels de suite. Le Président Joseph Kabila aurait donc dû achever son second mandat en novembre 2016. Le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle l’a pourtant autorisé à rester en poste en cas de report du scrutin présidentiel. Auparavant, son gouvernement avait tenté en vain de modifier la Constitution ou les règles électorales afin de lui permettre de se maintenir au pouvoir. Face à la mobilisation citoyenne, ces tentatives avaient échoué. Dans la semaine précédant le 19 décembre, de nombreux membres de la société civile ont été arrêtés. Les réseaux sociaux et certaines radios ont été coupés. De nombreux militaires et policiers, lourdement armés, ont été déployés dans les principales villes du pays. Les autorités ont interdit toute manifestation, ce qui n’a pas empêché la population de descendre dans les rues afin de contester le scénario du maintien ad vitam aeternam d’un régime n’ayant comme projet que de se maintenir au pouvoir par la violence. Une nouvelle fois, les forces de défense et de sécurité ont tiré à balles réelles dans les foules. Au moins 40 manifestants ont été tués à Kinshasa, Lubumbashi, Boma et Matadi. Plus de 100 personnes ont été blessées. Plus de 460 autres ont été arrêtées. En septembre 2016, 54 manifestants avaient été tués de la sorte lorsqu’ils avaient appelé au respect des délais constitutionnels. La justice congolaise n’a jamais enquêté, comme dans les répressions passées. L’impunité est totale. La justice et les forces de l’ordre sont des outils politiques aux mains d’un régime violent et corrompu. Depuis lors, le régime et ses diverses institutions retardent la tenue du scrutin présidentiel. En novembre 2017, la CENI – institution en charge des élections – a annoncé officiellement la tenue des élections présidentielle, législative et provinciales pour le 23 décembre 2018. Il est toutefois vraisemblable que ces scrutins ne puissent pas se tenir à la date promise du fait de l’insécurité grandissante dans plusieurs provinces du pays ; insécurité provoquée et entretenue par les autorités au pouvoir. Jusqu’à ce jour la communauté internationale demeure impuissante face à ce chaos orchestré par le régime Kabila pour se maintenir au pouvoir.

 

Vous pouvez agir en leur faveur en envoyant cette lettre.

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