Prendre notre part dans l’accueil des réfugiés et migrants
Chers amis,
C’est une vraie joie pour nous tous aujourd’hui de voir la mobilisation en faveur de ces femmes et ces hommes qui demandent à être accueillis chez nous, dont beaucoup ont dû fuir la violence. Les cœurs ont été touchés, les yeux se sont ouverts – enfin !
Nous tous, à l’ACAT, nous nous joignons, évidemment, à cette mobilisation. Il ne faut pas que ce soit seulement un feu de paille : il faut que cela dure.
Depuis des années nous apportons notre soutien de multiples manières aux victimes de la violence venues demander asile : cela fait partie de notre mandat. L'ACAT accueille à Paris des demandeurs d'asile et leur assure une assistance dans leurs démarches. Membre de la CFDA (Coordination française pour le droit d'asile) l’ACAT assure aussi la vice-présidence de l'ANAFE (Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers). Encore tout récemment nous nous sommes mobilisés à propos de la réforme du droit d’asile en France : vous avez écrit à vos députés. Beaucoup d’entre nous avons signé la pétition adressée cet été aux autorités européennes en faveur des droits de ces personnes, en commun avec les ACAT européennes. Sur le terrain aussi, comme à Calais, vous êtes présents.
Ces derniers jours, nous avons pris position publiquement. Avec un collectif d’ONG, nous venons d’adresser des propositions concrètes au Président de la République.
Nous allons continuer. Et nous avons besoin de chacun de vous pour cela. Comment ?
En premier lieu, dès ce mois de septembre, nous vous proposons une pétition à signer pour supprimer l’obligation faite aux migrants de s’inscrire dans le pays où ils débarquent (Accords de Dublin). Deux autres pétitions suivront en octobre et en novembre sur d’autres questions importantes. Pour le 10 décembre (Journée mondiale des droits de l’Homme), nous mènerons une pétition conjointe avec les autres ACAT européennes.
En second lieu, notre Comité directeur avait décidé, dès juin dernier, de lancer une campagne de longue durée pour la sensibilisation à l’accueil de nos frères et sœurs étrangers, parce que les préjugés qui stigmatisent l’étranger conditionnent directement nos actions en faveur des demandeurs d’asile, une part intégrante de notre mandat. Certes, aujourd’hui, quelque chose a heureusement bougé dans l’opinion publique. Mais, on le voit chaque jour, combien encore de réticences, de peurs ! Et l’arrivée de migrants n’est pas un phénomène nouveau ni ponctuel : il va s’installer dans la durée. Il nous faudra donc apprendre à vivre ensemble avec nos différences : immense chantier qui concerne chacun de nous en Europe. Cela va demander aussi la mise en place d’une véritable politique d’accueil à long terme et nous n’ignorons pas la complexité des défis à relever. Vouloir fermer nos frontières, ériger des grilles et des murs est non seulement une illusion, mais une injustice et surtout une infidélité à l’appel de Dieu : « tu aimeras l’immigré comme toi-même » (Lévitique, 19, 33-34). Mais une telle politique d’accueil ne sera possible que si l’opinion publique y est favorable, et c’est encore loin d’être le cas. D’où cette campagne de sensibilisation, que nous mènerons en commun avec d’autres ONG, avec une dimension européenne. En tant que membres de l’ACAT, vous serez sollicités pour y prendre part activement. Et cette question brûlante sera au cœur de notre Assemblée générale en avril prochain.
En troisième lieu, dès maintenant, je vous encourage vivement à prendre toute la part que vous pourrez dans ce qui se fait près de chez vous pour accueillir concrètement nos sœurs et frères étrangers. N’hésitez donc pas, au nom de l’ACAT, à vous joindre activement aux initiatives lancées autour de vous ou à prendre vous-mêmes celles qui vous semblent utiles.
Il faudra veiller attentivement à ce que cet accueil se fasse sans discrimination aucune, qu’il s’agisse d’appartenance religieuse, de nationalité ou d’origine. Reprenant les recommandations émises par plusieurs organisations chrétiennes compétentes, je veux souligner que « ces initiatives doivent permettre un accueil fraternel, digne et respectueux des personnes, de leurs souhaits, favoriser la sécurité et permettre une continuité dans leur parcours. Elles doivent favoriser la rencontre, l’ouverture et l’écoute, et avoir pour finalité un chemin vers l’intégration. » La plupart de ces actions concernent soit l’hébergement (accueil chez un particulier ou dans une communauté, mise à disposition de logement), soit une aide ou un accompagnement sous diverses formes. Mais ce pourra être tout simplement de créer des relations avec ceux qui arrivent : c’est sans doute le plus important qu’ils rencontrent ici des visages amicaux.
Il ne faut pas agir en ordre dispersé, mais rassembler les bonnes volontés, réfléchir et agir en commun. Il est donc recommandé de mener ces actions en concertation avec les communautés chrétiennes et les autres organisations actives sur le terrain (vous avez sûrement déjà des liens avec certaines d’entre elles au plan local). Ces actions seront à mener aussi en dialogue avec les pouvoirs publics, notamment avec les municipalités et avec la personne qui sera le référent public départemental pour l’accueil.
Je me réjouis d’avance de tout ce qui va se réaliser grâce à la mobilisation actuelle, grâce à vous, et je vous en remercie.
Fraternellement à chacune et chacun d’entre vous,
Gabriel Nissim
Président de l’ACAT