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Patrice Nganang, écrivain, accusé de menaces de mort contre le président Paul Biya

Les autorités camerounaises reprochent à l'écrivain - de nationalité camerounaise et étasunienne - d'avoir menacé de mort le Président Paul Biya sur Facebook. Patrice Nganang est actuellement détenu dans les locaux de la Police judiciaire à Yaoundé. Il a accès à un avocat, mais pas à ses proches.
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Le 12 / 12 / 2017

 

Le mercredi 6 décembre 2017, Patrice Nganang -  écrivain et enseignant à l’Université de Stony Brook (New-York) - est arrêté, sans mandat d'arrêt, à l'aéroport de Douala alors qu'il s'apprêtait à prendre un avion pour se rendre au Zimbabwe. Il est dans la foulée transféré à Yaoundé, la capitale, dans les locaux de la Police judiciaire.

Le jeudi 7 décembre, la police lui notifie le motif de son arrestation : "Outrage au Président de la République, immigration clandestine, menaces de mort et faux et usage de faux" pour un post virulent publié sur sa page Facebook, le 3 décembre, et lui autorise un accès à un avocat, en l'occurence Maître emmanuel Simh. Il n'a toutefois pas accès à sa famille ni à ses proches.

Alors qu'il était prévu que Patrice Nganang soit déféré, lundi 11 décembre, devant le procureur de la République, sa garde à vue est prolongée de 48 heures et l'infraction d'"outrage au Président de la République" est retirée. Dans le même temps, son avocat dépose une demande de remise en liberté.

Selon l'écrivain Abdourahman Waberi, interviewé sur RFI : "Patrice n'a fait que son travail d'écrivain, même s'il avait une plume féroce et un ton un peu souvent emporté, enthousiaste, véhément, propos qui peuvent être maladroits, blessants, emportés. Mais ce ne sont que des propos. On peut à la limite entendre l'argument de l'offense, mais l'argument de la mise en danger du président, il est très clair que cela ne tient pas la route. Patrice Nganang est un écrivain, il utilise des mots, il n'utilise jamais des balles".

Pour Issa Tchiroma, Ministre de la Communication : "Lorsqu'un individu se permet et promet d'utiliser des armes pour attenter à la vie d'un chef d'Etat, de notre chef d'Etat, il va sans dire que c'est toute la nation qui est interpellée : Est-il seul ? A t-il déjà introduit l'arme qui lui servira pour son acte criminel ?"

Dans un Etat comme le Cameroun, où la justice fait preuve de peu d'indépendance vis à vis du pouvoir exécutif, il est envisageable, comme le craint Abdourahman Waberi que Patrice Nganang "prenne une sanction désastreuse et dispropotionnée" par rapport à un texte écrit à chaud à l'issue d'un long séjour dans les régions anglophones de l'Ouest du Cameroun, en proie à une crise politique et sécuritaire majeure, et où la répression est continue depuis novembre 2016.

 

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