Dégradation de l’état de santé d’un détenu de l’IRA-Mauritanie
Le 15 octobre 2016, Ahmed Hamar Vall - trésorier national de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) - a été admis en urgence à l’hôpital de Zouerate. Le médecin qui l’a examiné a demandé qu’il soit immédiatement évacué vers la capitale Nouakchott afin de pouvoir y recevoir un traitement médical adéquat.
M. Ahmed Amar Vall a été arrêté, le 3 juillet 2016, dans la rue, avec deux autres militants de l’IRA (Hamady Lehbouss et Khatri Rahel Mbareck), alors qu’ils venaient de quitter la conférence de presse qu’ils avaient organisée et qui avait pour but d’appeler publiquement à la libération de cinq de leurs collègues de l’IRA arrêtés arbitrairement les jours précédents.
En tout, treize membres de l’IRA ont été arrêtés, fin juin-début juillet, à la suite d’émeutes spontanées de membres de la communauté haratine dans le bidonville de Ksar après que les autorités aient engagé une opération d’expulsion de plusieurs familles. Aucun d’entre eux n’était pourtant présent sur les lieux de ces violences spontanées.
Après neuf jours de détention au secret, M. Ahmed Amar Vall a pu s’entretenir avec son avocat. Cinq de ses collègues ont alors fait état de violences à leur encontre durant cette période de garde à vue.
Le 18 août, M. Ahmed Amar Vall a été condamné à trois ans de prison pour « gestion d'une organisation non enregistrée » (article 8 de la Loi de 1964 sur les associations). Dans la nuit du 27 au 28 septembre 2016, il a été, avec ses compagnons, transféré à la prison de Zouerate qui se trouve à 770 km au nord de Nouakchott.
La commune de Zouerate ne possède pas les infrastructures nécessaires et adaptées aux besoins médicaux de M. Ahmed Amar Vall.
Appelons les autorités mauritaniennes à transférer d’urgence M. Ahmed Amar Vall à l’hôpital de Nouakchott.
Contexte
Une volonté de réduire à néant l’IRA-Mauritanie
Depuis la création de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) en 2008, les autorités mauritaniennes n’ont toujours pas reconnu le statut de cette association malgré plusieurs demandes en ce sens. Au contraire, depuis plusieurs années, les membres de l’IRA font l’objet d’une vague ininterrompue d’intimidations, de menaces de mort, d’arrestations et de harcèlements judiciaires destinés à réduire à néant cette organisation qui développe ses antennes à travers tout le pays au sein de la communauté haratine (musulmans négro-mauritaniens victimes d’esclavage) et au niveau international avec les associations de lutte contre l’esclavage.
Jeudi 18 août 2016, la cour criminelle de Nouakchott a condamné 13 militants de l’IRA à des peines comprises entre 3 et 15 ans de prison ferme. Ils étaient accusés de « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ». Les autorités mauritaniennes ont profité d’un fait divers survenu fin juin 2016 (émeutes dans un bidonville de Nouakchott ayant conduit à des affrontements violents entre populations et forces de l’ordre) pour faire porter le chapeau de ces violences à l’IRA et à ses principaux cadres.
Amadou Tidiane Diop (vice-président de l’IRA), Abdallahi Abdou Diop, Abadalli Seck, Moussa Biram et Jemal Bleyil ont été condamnés à 15 ans de prison ferme. Balla Touré (chargé des relations extérieures) et Hamady Lehbouss (porte-parole) ont été condamnés à 5 ans de prison ferme. Mohamed Daty, Mohamed Jarroulah, Khrtzy Rahel, Ousmane Lô, Ousmane Anne et Ahmed Hamar Vall ont été condamnés à 3 ans de prison ferme.
Avec ces condamnations à de lourdes peines de prison, prononcées à la suite d'accusations infondées, les autorités mauritaniennes ont passé un seuil extrêmement dangereux sur le plan du respect des libertés collectives. Il s'agit à nouveau d'un procès mascarade destiné à réduire au silence une association qui gêne le régime en place.
Pour de plus amples informations sur les droits de l’homme en Mauritanie : http://www.acatfrance.fr/actualites/?pays=MRT