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Au moins neuf cadres et membres de l’IRA-Mauritanie détenus au secret

Au moins neuf cadres et membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) sont en prison. Les autorités leur reprochent d’être les instigateurs des heurts survenus à Nouakchott, le 29 juin 2016, lors d’une opération de déplacement de populations installées sur un terrain privé. Une nouvelle fois, l’IRA fait l’objet d’une vague d’arrestations, sans preuves matérielles à l’appui.
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Le 19 / 07 / 2016

 

Au moins neuf cadres et membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) sont en prison. Les autorités leur reprochent d’être les instigateurs des heurts survenus à Nouakchott, le 29 juin 2016, lors d’une opération de déplacement de populations installées sur un terrain privé. Une nouvelle fois, l’IRA fait l’objet d’une vague d’arrestations, sans preuves matérielles à l’appui.

 

Le 30 juin, Amadou Tijane Diop, troisième vice-président de l’IRA, Abdallahi Maatalla Seck, coordonnateur de la section IRA de Sebkha, sont arrêtés par la police à leurs domiciles, à Nouakchott. Dans les jours qui suivent, sept autres cadres et membres de l’IRA sont arrêtés à leur tour à leurs domiciles ou sur leurs lieux de travail : Balla Touré, chargé des relations publiques, et les militants Jemal Beylil, Salem Vall et Moussa Biram sont arrêtés le 1er juillet. Après avoir demandé la libération de leurs collègues au cours d’une conférence de presse qu’ils ont organisée, Hamady Lehbouss, porte-parole, Ahmed Hamady, trésorier, Khatri Rahel Mbareck, coordonnateur du comité de la paix, sont arrêtés le 3 juillet. Ils sont détenus pendant plus d’une semaine incommunicado : aucune visite autorisée, ni famille ni avocat ni médecin.

Dans la nuit du 11 au 12 juillet, vers les 4h30 du matin, ils sont entendus – sans avocats – par le parquet, en compagnie de quatorze autres personnes arrêtés à l’issue des heurts survenus le 29 juin dans le bidonville de Gazra à Nouakchott. Aux environs de 8h00, le procureur les inculpe de « rébellion, usage de la violence, agression envers les dépositaires de la force publique, appartenance à une organisation non reconnue ». Ils sont conduits à la prison de Dar Naim, située dans la capitale.

Les autorités considèrent l’IRA comme la responsable des affrontements survenus le 29 juin, durant lesquels plusieurs policiers ont été blessés par des habitants de Gazra, sans pour autant en apporter la preuve. La justice, peu indépendante, s’exécute donc dans cette affaire : elle opte pour une procédure en flagrant délit bien que les neuf cadres et membres de l’IRA ont été arrêtés dans les jours suivants les faits.

N’acceptons pas cette nouvelle vague de répression à l’encontre de l’IRA !

 

Contexte

 

Une volonté de réduire à néant l’IRA-Mauritanie

Depuis la création de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) en 2008, les autorités mauritaniennes n’ont toujours pas reconnu le statut officiel de cette association malgré plusieurs demandes en ce sens. Au contraire, depuis plusieurs années, les membres de l’IRA font l’objet d’une vague ininterrompue d’intimidations, de menaces de mort, d’arrestations et de harcèlements judiciaires destinés à réduire à néant cette organisation qui développe ses antennes à travers tout le pays au sein de la communauté Harratine (musulmans négro-mauritaniens victimes d’esclavage) et au niveau international avec les associations de lutte contre l’esclavage.

Alors que l’IRA-Mauritanie entreprend début novembre 2014 une campagne de sensibilisation de plusieurs villages de la vallée du fleuve Sénégal aux problèmes de l’esclavage foncier, les autorités mauritaniennes y voient l’occasion d’arrêter le président de l’IRA-Mauritanie, Biram Dah Abeid. Le 11 novembre, il est arrêté. Dans les jours qui suivent, la répression contre l’IRA s’accentue : interdiction de sit-in de soutien aux personnes arrêtées, nouvelles arrestations de sympathisants et militants de l’IRA, fermeture du siège de l’IRA. En janvier 2015, il est condamné à deux ans de prison pour « appartenance à une organisation non reconnue, rassemblement non autorisé, appel à rassemblement non autorisé et violence contre la force publique ». Le 17 mai 2016, la Cour Suprême requalifie les faits en « attroupement maintenu après les premières sommations », passible de deux mois à un an de prison selon la loi. Après 18 mois de détention M. Dah Abeid est libéré sur décision de la justice.

 

Une abolition de façade de l’esclavage ?

Malgré son abolition officielle en 1981 et sa criminalisation en 2007, l’esclavage reste une pratique endémique en Mauritanie et les esclavagistes jouissent trop souvent d’une impunité notoire qui met en danger les victimes et les défenseurs qui les soutiennent. 

 

Pour de plus amples informations sur les droits de l’homme en Mauritanie : http://www.acatfrance.fr/actualites/?pays=MRT

 

Vous pouvez agir en leur faveur en envoyant cette lettre.

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