17 jeunes activistes condamnés à des peines de 2 à 8 ans de prison pour avoir discuté d’un livre
En Angola - pays d’Afrique australe dirigé par le même président depuis 1979 - discuter d’alternance est un crime. 17 jeunes angolais viennent d’être condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir discuté autour d’un livre intitulé « De la dictature à la démocratie ». L’Union européenne doit davantage se mobiliser pour leur libération !
Le 28 mars 2016, Henrique Luaty Beirao, Sedrick de Carvalho, José Gomes Hata, Manuel Chivonde Nito Alves, Alfonso Jojo Matias, Hitler Chiconda, Inocenio De Brito, Albano Bingobingo, Fernando Antonio Tomas, Nelson Mendes dos Santos, Italiano Arante Kivuvu, Nuno Alvaro Dala, Benedito Dali, Rosa Kusso Condet, Laurinda Manuel Gouveia et Domingos da Cruz ont été condamnés par le Tribunal provincial de Luanda à des peines de 2 à 8 ans et demi de prison, pour « tentative de coup d’Etat et association de malfaiteurs ».
Les peines ont été prononcées sur la base d’aucune preuve concrète et à l’issue d’un procès-fleuve, entamé le 16 novembre 2015 et qui était censé durer 3 jours. La procédure a été interrompue à douze reprises et de nombreux vices de procédures ont été constatés.
Ces condamnations sont politiques. Le tribunal - aux ordres du pouvoir exécutif - a voulu punir cette jeunesse angolaise qui a eu l’audace et le courage d’utiliser ses droits de s’exprimer et de se réunir pacifiquement.
Il est temps pour l’Union européenne (UE) et ses Etats membres d’adresser un signal fort à l’Angola : nous n’acceptons pas cela et nous nous mobiliserons pour leur libération !
Contexte
Retour sur l’affaire des 17 jeunes activistes
La plupart des 17 jeunes ont été arrêtés arbitrairement le 20 juin 2015 à Luanda alors qu’ils participaient, dans un domicile privé, à un atelier de réflexion sur les stratégies non-violentes à utiliser pour mener à bien une transition politique. Ils discutaient autour du livre de Gene Sharp « De la dictature à la démocratie », traduit en portugais par Domingo da Cruz. Considéré comme le leader du groupe, ce dernier a été condamné à la peine la plus lourde : 8 ans et 6 mois pour « tentative de coup d’Etat et association de malfaiteurs ». Le rappeur angolo-portugais Luaty Beirao a été condamné à 5 ans et demi de prison pour « rébellion contre le président de la République, association de malfaiteurs et falsification de documents ». L’accusation principale : « attentat à la vie du président José Eduardo dos Santos » a été retirée. Seuls 14 jeunes étaient présents au tribunal le jour de l’énoncé du verdict. Nuno Alvaro Dala, en grève de la faim depuis le 10 mars 2016, était hospitalisé. Deux autres jeunes se sont vu refuser l’accès au tribunal pour avoir voulu y entrer avec des livres de droit. Ils ont été écroués avant même le verdict. Les 17 jeunes ont toujours nié les charges qui pesaient sur eux. Ils ont été transférés en prison à l’issue de leurs condamnations. Les avocats de la défense ont annoncé leur volonté de faire appel.
L’Union européenne a son mot à dire !
L’UE est le premier donateur de l’Angola. Dans le cadre du 10ème Fonds européen de développement (2008‑2013), l’Angola a reçu plus de 250 millions d’Euros, notamment dans le domaine de la justice. L’UE est un partenaire économique et politique majeur de l’Angola. L’UE est le premier exportateur vers l'Angola et son troisième partenaire commercial global. À l’échelon politique, l'Angola et l'UE ont consolidé leur dialogue en signant le 24 juillet 2012 un nouvel accord de coopération « Action conjointe UE-Angola pour le futur ». Dans ce cadre, des pressions doivent être exercées pour que ces 17 jeunes soient libérés.
Pour de plus amples informations sur l'Angola : http://www.acatfrance.fr/actualites/?pays=AGO
Vous pouvez agir en leur faveur en envoyant cette lettre.