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Chine
Appel à mobilisation

Zhang Zhan : un espoir fragile

Zhang Zhan est détenue arbitrairement depuis plus de deux ans, pour le seul fait d’avoir exercé sa liberté d’expression en informant ses concitoyens de la réalité de la situation à Wuhan, lors du pic de la pandémie de Covid-19. Elle a été officiellement inculpée en septembre 2020 et condamnée quelques mois plus tard à une peine de quatre ans de détention. Aujourd’hui, son état de santé reste inquiétant. Ne l’oublions pas.
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Mobilisons-nous pour la libération de Zhang Zhan !

  • Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale à Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.

Qui est Zhang Zhan ?

Un état de santé dégradé

Fin 2020, Zhang Zhan a débuté une grève de la faim dans le centre de détention du district de Pudong New où elle était alors détenue, pour protester contre sa détention arbitraire. En réponse, les autorités pénitentiaires l’ont nourrie de force à l’aide d’un tube d’alimentation, l’ont attachée et lui ont lié les mains pendant trois mois, ce qui est en violation des règles internationales sur le traitement des détenus. À son procès, en décembre 2020, elle est apparue extrêmement fragile. Par la suite, notamment après son transfert à la prison pour femmes de Shanghai, elle a régulièrement entamé des grèves de la faim, par intermittence. En août 2022, d’après sa famille, son état de santé s’était amélioré et stabilisé. Toutefois, elle apparaissait toujours affaiblie. Aujourd’hui, sa situation reste incertaine.

Des nouvelles en demi-teinte

En décembre 2022, le frère de Zhang Zhan a diffusé sur les réseaux sociaux une lettre de sa part, dans laquelle elle rassure sa famille, lui communique son affection et fait de nombreuses références à sa spiritualité. Toutefois, elle fait peu de mentions de son propre état de santé ou de ses conditions de détention. Elle fait également de nombreuses références à la police ou aux autorités, ce qui est inquiétant. Il apparaît que son frère a retiré la publication de cette lettre, pour des raisons inconnues. Par ailleurs, il ne semble pas qu’elle ait pu échanger avec son avocat ni, depuis octobre 2021, avec sa famille. Or, ces empêchements sont en violation de l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que la Chine a signé mais pas ratifié, et de l’ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement. L’ACAT-France se mobilise aux côtés d’Amnesty International et de Reporters sans frontières (RSF) pour obtenir sa libération immédiate, qu’un bilan de santé indépendant soit pratiqué au plus vite et qu’elle puisse recevoir les soins que son état rend nécessaire en étant auprès de ses proches.

Contexte

Le seul fait d’être journaliste en Chine, un danger en soi

Selon RSF, la République populaire de Chine est « la plus grande prison du monde pour les journalistes ». Le pays se situe au 175ème rang sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF : 102 journalistes y sont détenus à ce jour. De fait, depuis son accession au pouvoir, le président Xi Jinping a œuvré à un contrôle strict et renforcé sur les médias chinois, souhaitant que seules la voix et la volonté du Parti communiste chinois (PCC) soient entendues. En 2016, trois ans après le début de son premier mandat, il déclarait à propos des médias du PCC : « ils doivent adorer le Parti, protéger le Parti, et être étroitement aligné avec les pensées, les politiques et l’action du Parti », requérant de leur part une loyauté absolue. Dans un rapport publié en janvier 2021, intitulé Le Grand bond en arrière du journalisme en Chine, RSF révèle que, dès octobre 2019, l’obtention et le renouvellement de la carte de presse ont été conditionnés à la réussite d’un examen de fidélité à la doctrine du PCC et du président Xi Jinping, disponible uniquement sur une application que les journalistes chinois se sont vus contraints de télécharger. Or, il est ensuite apparu que cette application permet de recueillir les informations personnelles de son utilisateur. Puis, les autorités chinoises ont développé un arsenal d’outils de censure et de surveillance particulièrement sophistiqués. Si les articles 35, et 41 de la Constitution chinoise garantissent aux citoyens la liberté « d’expression, de la presse » et le droit de critiquer les organismes ou le personnel de l’État, il apparaît toutefois clairement qu’ils ne sont pas respectés. Le cas de Zhang Zhan est représentatif d’un positionnement clair : tout journaliste, qu’il soit accrédité ou journaliste-citoyen comme elle – c’est-à-dire un individu en rapportant des évènements dont il a connaissance par le biais d’outils sur Internet sans avoir eu une formation journalistique – est susceptible de faire l’objet d’une arrestation arbitraire dès lors que ses propos ne sont pas alignés avec ceux du Parti.

Poursuivant ses ambitions de mainmise absolue sur les médias, Xi Jinping multiplie les attaques à la liberté de la presse. Ainsi, récemment, les autorités chinoises ont arrêté quatre journalistes seulement en raison de leur présence lors de l’une des manifestations organisées en fin d’année 2022 contre les mesures draconiennes du gouvernement qui étaient alors en vigueur pour contenir l’épidémie de Covid-19. C’est un évènement qui signe une tendance particulièrement inquiétante, d’autant que ces journalistes seraient toujours détenus. L’ACAT-France reste particulièrement vigilante quant à l’évolution de ces tendances.

  • Détention