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Chine
Appel à mobilisation

Huang Xueqin : déjà 500 jours de détention arbitraire

Déjà 500 jours que Huang Xueqin est détenue arbitrairement pour avoir lancé le mouvement #MeToo en Chine et publié des écrits sur les manifestations pro-démocratie à Hong Kong. Aujourd’hui, la situation de cette journaliste et militante féministe demeure opaque et inquiétante.
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500 jours de secret

La situation de Huang Xueqin est incertaine. Elle a d’abord été détenue durant six mois dans des conditions inconnues, a priori à l’isolement, avant que son cas ne soit soumis au bureau du procureur de Guangzhou. Puis, elle a été privée de la visite de l’avocate qu’elle connaissait, choisie par sa famille, laquelle a été rapidement révoquée dans des conditions peu claires, au profit d’un avocat commis d’office, inconnu de sa famille. Depuis son arrestation, Huang Xueqin aura donc été privée de l’avocate de son choix et de tout recours à une aide juridique, en violation des standards internationaux sur le procès équitable et de l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que la Chine a signé – mais toujours pas ratifié.

En outre, cela fait 500 jours que ni sa famille ni son entourage n’ont reçu d’information sur sa situation. Dans une lettre conjointe envoyée le 1er décembre aux autorités chinoises par le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires des Nations unies, la Rapporteure spéciale sur les défenseurs des droits de l’homme et le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, il est précisé que, à la date de ce courrier, la famille de Huang Xueqin (et d’autres détenus et détenues) « n’a pas reçu d’informations précises et officielles quant à sa localisation, son état de santé et son bien-être » et n’ont pas eu la possibilité de lui rendre librement visite. Les experts ayant rédigé cette lettre précisent également qu’ils n’ont pas été en mesure de vérifier de manière indépendante que Huang Xueqin était effectivement détenue dans le centre de détention numéro 3 de Guangzhou. Ces éléments sont particulièrement inquiétants : Huang Xueqin étant détenue hors de l’État de droit, elle est soumise aux autorités. Il ne saurait dès lors être exclu qu’elle puisse faire l’objet de torture ou de mauvais traitements, d’autant que le fait d’être une femme l’y expose davantage. L’ACAT-France demande à ce que les autorités chinoises libèrent Huang Xueqin immédiatement et sans conditions.

Contexte

La systématisation de la terreur envers les défenseurs des droits humains

Huang Xueqin a été arrêtée en même temps que Wang Jianbing – un défenseur engagé dans la défense du droit du travail et des droits des personnes handicapées – censément pour les mêmes motifs. Suite à leur arrestation, près de 70 individus en lien avec eux ont également été arrêtés de manière arbitraire par la police de Guangzhou. Certains ont subi des interrogatoires ayant duré jusqu’à 24h, en violation des procédures légales chinoises, notamment celles prévoyant l’accès à un conseil juridique. Plus généralement, les autorités chinoises étendent la répression aux membres de la famille et à l’entourage des défenseurs des droits humains qu’ils ciblent, en ayant recours à des manœuvres d’intimidations et des disparitions forcées, pour les dissuader de les défendre à leur tour. Elles mettent en place des stratégies multidimensionnelles afin de faire taire non seulement leurs opposants, mais également ceux susceptibles de parler en leur nom.

Le cas de Huang Xueqin est représentatif d’une tendance des autorités chinoises au tout-répressif qui s’est accélérée depuis la pandémie de Covid-19, en ayant recours à des techniques de plus en plus variées et sophistiquées. En effet, de nombreuses pratiques de disparitions forcées ont été documentées par l’ONU et des ONG travaillant sur la Chine. D’abord, la Résidence Surveillée dans un Lieu Désigné (RSDL), un procédé légal de détention au secret utilisée à grande échelle : l’ONG Front Line Defenders estime à 85 000 le nombre de personnes qui en auraient fait l’objet entre 2013 et 2021. Puis, l’incarcération pour motif psychiatrique, laquelle sert de prétexte à l’arrestation et à la détention de défenseurs des droits humains. Mais également des détentions arbitraires de courte durée, au secret. En 2011, le Groupe de travail sur les disparitions forcées alertait déjà sur les vagues de disparitions forcées qui ciblaient à l’époque des individus ayant seulement exercé leur liberté d’expression de manière pacifique. Ces experts onusiens avaient également rappelé que les disparitions forcées sont un crime au regard du droit international. Un crime qui est toujours commis, à grande échelle.

En fin d’année 2022, dans le pays, des milliers de manifestants ont contesté les mesures draconiennes du gouvernement pour contenir l’épidémie de Covid-19 qui étaient alors en vigueur. En réponse, selon l’ONG Human Rights Watch, les autorités chinoises ont « harcelé ou détenu des douzaines d’étudiants, journalistes et d’autres – principalement des femmes – ayant participé à ces manifestations ». À ce jour, nombre d’entre eux sont toujours détenus, dans des conditions inconnues, et ont fait l’objet de disparitions forcées. Les contenus qui étaient disponibles en ligne sur ces manifestations ont également été censurés. En Chine, seule la voix du Parti communiste doit être entendue.

  • Disparitions forcées