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Guinée
Appel du mois

Je soutiens les victimes de Zoghota !

Le 10 novembre 2020, la Cour de Justice de la CEDEAO a déclaré coupables les forces de sécurité guinéennes d’assassinats, de tortures et d’arrestations arbitraires de citoyens de Zoghota pour des faits survenus en août 2012. Mais en Guinée, la procédure judiciaire reste bloquée faute de volonté politique.
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2012. Les communautés villageoises de Zoghota, en Guinée forestière, sont furieuses contre les
autorités et la société minière Vale/BSGR. Le site de Zoghota est riche en minerai de fer et les
activités d’exploration menées depuis 2010 perturbent l’environnement et souillent le Mont Yono,
la montagne sacrée. La société Vale/BSGR avait promis d’employer les jeunes des environs et de
verser des redevances dédiées au développement local. Mais les communautés ne voient rien
venir et soupçonnent le préfet d’avoir détourné l’argent.


Le 31 juillet 2012, les habitants décident de manifester. Le lendemain, le site de la mine est occupé
et ses accès bloqués. La société Vale/BSGR saisit les plus hautes autorités et le 3 août, une
délégation gouvernementale dépêchée par Alpha Condé, le chef de l’État, arrive sur site. Une
rencontre est menée en présence des représentants de la société Vale/BSGR et des forces de
sécurité. Dans la nuit du 3 au 4 août 2012, des gendarmes, policiers et militaires attaquent le
village de Zoghota, endormi. Six villageois sont tués, une dizaine d’autres blessés, plus d’une
douzaine sont arrêtés. Plusieurs d’entre eux seront torturés pendant leur détention. Des maisons
et des bâtiments sont incendiés. Le préfet tente de mettre la responsabilité des assassinats sur le
compte de prétendus rebelles.


Le 22 août 2012, l’ONG Les mêmes droits pour tous (MDT), partenaire de l’ACAT-France, dépose
plainte avec constitution de partie civile devant la juridiction de N’Zérékoré contre cinq responsables
militaires et policiers ayant participé à l’attaque. Ces derniers refusent de comparaître devant
la Justice et le 10 décembre 2014, le dossier est renvoyé vers la juridiction de Kankan où plus
rien ne se passe. En juillet 2017, MDT et Advocates for community alternatives (ACA) se rendent à
Zoghota pour recueillir de nouveaux témoignages. Ils découvrent que l’entreprise Vale/BSGR s’est
associée aux forces de sécurité et les a aidées à planifier l’attaque. L’entreprise a notamment fourni
une assistance logistique. En 2018, deux nouvelles plaintes sont déposées en Guinée contre la
société Vale/BSGR et devant la Cour de Justice de la CEDEAO contre la République de Guinée.


Le 10 novembre 2020, après deux années de procédure, la Cour de Justice de la CEDEAO
condamne la Guinée à payer un montant de 4,56 milliards de francs guinéens aux victimes et leurs
ayants-droits pour avoir notamment violé « le droit à la vie et le droit de ne pas être soumis à la torture
». Plus d’un an après, les autorités judiciaires guinéennes n’ont toujours pas inculpé les auteurs
et responsables de ces crimes, ni enquêté sur le rôle que Vale/BSGR a joué lors du massacre.

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