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Mexique
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Onze personnes détenues arbitrairement et maltraitées

Le 7 juin 2015 se tenaient des élections locales au Mexique. À Ocosingo (Chiapas), après qu’une urne a été brulée, 200 policiers municipaux s’en sont pris de manière indiscriminée aux individus présents à proximité.
KEVIN-CAPTURADO

Le 7 juin 2015 se tenaient des élections locales au Mexique. À Ocosingo (Chiapas), après qu’une urne a été brulée, 200 policiers municipaux s’en sont pris de manière indiscriminée aux individus présents à proximité : des membres d’un syndicat d’enseignants qui manifestaient et des riverains. Onze personnes, dont deux indigènes tzeltales et un mineur, ont été arrêtées arbitrairement, menacées, frappées, détenues au secret.

Au cours de l’opération policière qui a commencé à 9 heures 30, ces personnes ont reçu des menaces de mort et des coups de pieds, de poings, de barre métallique et de matraque.

Au cours de leur transfert et au commissariat de la ville, elles ont de nouveau été violentées et menacées. Les yeux bandés et maintenues en position accroupie, elles ont ensuite été transférées vers un lieu inconnu, sous la garde de 80 policiers fédéraux. Elles ont reçu des coups de matraque chaque fois qu’elles bougeaient.

Vers 14 heures, elles ont été conduites au ministère public de Palenque (plus au nord de l’État du Chiapas). De 15 à 23 heures, sous la menace de nouveaux coups, elles ont été contraintes de faire une première déposition sans l’assistance d’un avocat et de signer des feuilles en blanc.

Vers minuit, elles ont été transférées au commissariat de Palenque où on leur a donné, pour la première fois, de la nourriture et des médicaments anti-douleurs. Jusqu’à 16 heures le lendemain, 8 juin, elles ont été détenues au secret.

Quatre ont été relâchées le même jour. Les sept autres ont été retenues à la prison de Playas de Catazajá (à 20km au nord de Palenque) où les gardiens les ont menacées de représailles en cas de plainte.

Toutes ont finalement été libérées dans les cinq jours qui ont suivi, faute d’éléments probants concernant leur implication dans des infractions de destruction de biens publics et de rébellion. Aucune enquête n’a été ouverte concernant les multiples atteintes aux droits de l’homme dans cette affaire.

Contexte 

Les ravages de la « guerre contre le crime »

Les violations des droits de l’homme ont considérablement augmenté, depuis fin 2006, quand Felipe Calderón a déclaré la guerre au crime organisé et au narcotrafic. Dans les 31 États fédérés et le district fédéral de México, la population civile a payé un lourd tribut à cette stratégie militaire, tandis que la violence des bandes criminelles s’est maintenue. En décembre 2012, le bilan était d’au moins 60 000 morts, 26 000 disparus, 250 000 déplacés internes et des milliers de personnes détenues arbitrairement et torturées.

Le nouveau président, Enrique Peña Nieto, n’a pas rompu avec cette politique. Les violations massives des droits de l’homme se poursuivent sans mesures réelles pour sanctionner et réformer en profondeur les comportements répréhensibles des forces de sécurité et des opérateurs de justice en cause.

La torture aux fins de répression des manifestations

Les personnes qui participent à des manifestations, les observent, ou se trouvent simplement à proximité font régulièrement les frais d’un usage excessif et indiscriminé de la force, de détention arbitraire et de torture.

Le 26 septembre 2014, des étudiants de l’École normale rurale d’Ayotzinapa (Guerrero), venus manifester à Iguala, ont été très durement réprimés par les forces de l’ordre qui sont intervenues avec l’aide de membres du crime organisé : 6 morts, 25 blessés, 43 disparus. Aux mois de novembre et décembre, lors de rassemblements de solidarité, de nombreuses personnes, dont des journalistes, des étudiants et des pères de disparus, ont été attaquées par des policiers fédéraux, des granaderos (policiers anti-émeutes) : insultes, menaces par armes à feu, jets de projectiles, coups de casque, des détentions arbitraires.

 

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