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Égypte
Appel à mobilisation

Ramy Kamel détenu à l’isolement prolongé depuis deux ans

Arrêté le 23 novembre 2019, Ramy Kamel, un défenseur égyptien des droits humains de la minorité copte, est arbitrairement détenu depuis deux ans dans des conditions difficiles.
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Arrêté le 23 novembre 2019, Ramy Kamel, un défenseur égyptien des droits humains de la minorité copte, est arbitrairement détenu depuis deux ans dans des conditions difficiles.

Cela fait déjà deux ans que Ramy Kamel est en détention à l’isolement prolongé. Défenseur des droits humains, Ramy Kamel a été arrêté à son domicile par sept policiers en civil le 23 novembre 2019, sans mandat d’arrêt. De nombreux documents de travail, ainsi que son téléphone, son ordinateur et son appareil photo ont également été saisis. Amené puis interrogé, sans la présence de son avocat, durant toute la journée dans un lieu inconnu, il y aurait subi des actes de tortures et des mauvais traitements. Le 5 novembre 2019, il avait été convoqué par la sûreté de l’Etat et avait déjà subi des actes de tortures et des mauvais traitements dans le but de faire pression sur lui pour qu’il cesse ses activités. Le procureur de la sûreté de l’État a retenu comme charges la « participation à un groupe terroriste et son financement, la réception de fonds étrangers, la diffusion de fausses informations et troubles à l’ordre public à travers l’usage de réseaux sociaux », alors que son travail consiste à suivre et documenter les violations et des abus dont sont victimes les chrétiens en Égypte.

Son arrestation intervient en représailles à son travail en faveur des droits humains et à son engagement auprès des Nations unies. Ramy Kamel est l'un des fondateurs et coordinateurs de la Maspero Youth Union, un mouvement indépendant de jeunes activistes coptes, formé en mars 2011 qui a gagné en notoriété à la suite du massacre de Maspero d'octobre 2011 au cours duquel entre 24 et 28 personnes, principalement des manifestants coptes pacifiques, ont été tuées par l'armée et les forces de sécurité égyptiennes. En 2013, Ramy fonde la Maspero Youth Foundation for Development and Human Rights, une ONG égyptienne de défense des droits humains pour les droits des coptes. Il a collaboré avec la Rapporteuse spéciale sur le droit à un logement convenable, Leilani Farha, lors de sa visite en Égypte en septembre 2018, sur les familles chrétiennes déplacées à la suite d’agressions et des menaces répétées de la part de groupes violents ou en raison de projets immobiliers ou d'opérations antiterroristes de gouvernement. En avril 2019, Ramy avait rédigé un rapport sur les discriminations subies par la minorité copte depuis l’arrivée du président Al-Sissi au pouvoir. Il devait également participer au Forum sur les questions relatives aux minorités organisé à Genève par les Nations unies fin novembre 2019, mais il est arrêté quelques jours seulement avant son départ.

Une fois en détention, Ramy est placé à l'isolement prolongé, sans aucun contact avec d'autres détenus en dehors des visites et des audiences de renouvellement de sa détention. Il n’a pas été autorisé à quitter sa cellule pendant plusieurs mois depuis son arrestation avant que l'administration pénitentiaire l'autorise finalement à faire de l'exercice seul et à communier. En outre, il n'a toujours pas accès aux livres ou aux journaux et ne peut ni envoyer ni recevoir de lettres. Selon les réglementations du droit pénitentiaire égyptien, l’isolement cellulaire peut durer jusqu’à six mois, ce qui déjà en soi est en contradiction avec les règles de Mandela qui précisent que celui-ci ne doit être utilisée qu’en dernier ressort et pour une durée maximale de 15 jours. L’isolement cellulaire à durée indéterminée tel que le connaît Ramy est assimilable à un traitement cruel, inhumain ou dégradant voire à un acte de torture, selon les circonstances.

En raison de ces dures conditions de détention, sa famille s’inquiète pour son état psychologique alors qu’il a déjà signalé connaître des pertes de mémoire ainsi que des hallucinations. Souffrant également d'asthme, sa famille lui transmet ses médicaments à chaque visite, mais l’autorisation du médecin de la prison prend parfois plusieurs semaines.

Ramy a déjà atteint la limite maximale de détention provisoire prévue par la loi égyptienne le 23 novembre 2021 et devrait normalement être libéré. Cependant les autorités égyptiennes pourraient recourir à un subterfuge procédural courant en l’impliquant arbitrairement dans une autre affaire afin de le maintenir en détention.

Vous souhaitez vous mobiliser pour demander la libération immédiate de Ramy ?

  • Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la par voie électronique (en pièce jointe) ou par voie postale au Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères.

Contexte

Depuis la reprise du pouvoir par le régime militaire en 2013, l’Egypte connaît une dégradation extrêmement préoccupante en matière de droits humains. Le pouvoir s’attaque d’abord aux Frères musulmans. Le 14 août 2013 les forces de sécurité, sous le commandement du Général Abdelfattah al-Sissi, s’attaquent aux partisans du président Mohamed Morsi rassemblés sur les places de Rabaa et Ennahda au Caire. L’assaut fait entre 800 et 1000 morts selon différentes organisations de droits humains et très vite les Frères musulmans sont désignés comme groupe terroriste.

Les autres mouvements politiques démocratiques, de gauche ou laïcs subissent également la répression ainsi que les médias indépendants, les activistes et défenseurs des droits humains. Les autorités les accusent couramment d’assistance à une organisation terroriste, d’appartenance à un groupe terroriste ou encore de diffusion de fausses informations menaçant la sécurité de l’État et les poursuivent devant des tribunaux spéciaux dit de la sûreté de l’État, qui traitent normalement des affaires terroristes. Parallèlement, la menace terroriste reste toujours présente, surtout dans le Nord Sinaï, et le régime a recours à toujours plus de répression. Arrestations arbitraires, recours à la torture, procès inéquitables, condamnations à mort et exécutions, disparitions forcées et exécutions extra-judiciaires deviennent courants voire systématiques, entraînant encore plus de radicalisation.

L’Égypte connaît une première vague d’arrestations de militants et personnalités politiques indépendantes en juin 2019 dans le cadre de l’affaire dite de l’Espoir, puis une seconde à la suite de manifestations inédites les 20 et 21 septembre 2019, avec l’arrestation de plusieurs milliers de personnes. La plupart de ces personnes sont libérées par la suite quand d’autres sont maintenues en détention, avec parmi elles de nombreuses figures de l’opposition, des militant.es politiques ainsi que des avocat.es, des défenseur.es des droits humains ou encore des journalistes.

La crise du Covid-19 marque une nouvelle détérioration de la situation des droits humains en Égypte en plus de l’aggravation de la situation économique et sanitaire. D’une part, le régime profite de la crise pour attaquer une nouvelle fois les militants et journalistes qui expriment un avis critique sur la gestion de la crise par les autorités égyptiennes. D’autre part, les conditions de détention des prisonniers sont rendues encore plus difficiles. Les visites des familles et des avocats sont suspendues et la plupart des détentions provisoires ont été pour la grande majorité renouvelées en l’absence des prisonniers et sans audition des avocats.

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