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Mauritanie
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Une année de détention supplémentaire bien que la justice ait demandé sa libération

Mohamed Cheikh Ould Mkhaïtir, blogueur mauritanien, est détenu au secret dans un lieu non officiel à Nouakchott alors qu’il devrait être libre depuis le 9 novembre 2017. Son état de santé se détériore chaque jour de façon critique.
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Mohamed Cheikh Ould Mkhaïtir, blogueur mauritanien, est détenu au secret dans un lieu non officiel à Nouakchott alors qu’il devrait être libre depuis le 9 novembre 2017. Son état de santé se détériore chaque jour de façon critique.

 

Mohamed Cheikh Ould Mkhaïtir, 35 ans, a été arrêté le 5 janvier 2014 pour « apostasie » après avoir publié sur Internet en décembre 2013 un article dans lequel il critiquait le système des castes, l’utilisation de la religion pour justifier l’esclavage et les pratiques discriminatoires contre la caste des forgerons à laquelle il appartient. À la suite de cette publication, des manifestations de masse appelant à son exécution - dont l’une a été rejointe par le président mauritanien - ont eu lieu dans l’ensemble du pays.


Mkhaïtir s'est repenti à plusieurs reprises lors de son interrogatoire par la police et dans une déclaration écrite datée du 11 janvier 2014. Son procès a débuté le 23 décembre 2015 devant la Cour criminelle de Nouadhibou. Accusé d'apostasie et accusé d'avoir insulté le prophète Mahomet, il a été condamné à mort le lendemain. Il a alors été placé en isolement complet pendant plus de deux ans et soumis à des actes assimilables à la torture et à des mauvais traitements. Le 9 novembre 2017, à la faveur d’un recours de la défense, la Cour d’appel de Nouadhibou a commué sa condamnation en deux ans de prison, reconnaissant enfin son « repentir ». Bien que  Mkhaïtir ait complètement purgé sa peine, au lieu de le libérer, les autorités mauritaniennes l’ont placé « en détention administrative », au secret, dans un lieu non officiel sous des prétextes fallacieux de « recours devant la Cour suprême » et de « sécurité ».  

 

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CONTEXTE

Le Parlement mauritanien a adopté en avril 2018 une loi qui remplace l'article 306 du Code pénal et rend la peine de mort obligatoire pour toute personne reconnue coupable de « discours blasphématoire » et d'actes jugés « sacrilèges ». En vertu de son article 306, la nouvelle loi élimine la possibilité de substituer des peines de prison à la peine de mort pour certains crimes liés à l’apostasie si le coupable se repent rapidement. Cette loi étend également le champ d’application de la peine de mort aux « actes renégats». Le moment choisi pour son adoption semble être lié au cas de Mkhaïtir.

En mars 2018, le ministre mauritanien de la Justice, Mokhtar Malal Dia, a déclaré dans une interview que « le blogueur Mkhaïtir est toujours détenu quelque part en Mauritanie ». En mai, les autorités mauritaniennes ont informé le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) que Mkhaïtir était en « détention administrative pour sa propre sécurité ». Pendant près d’un an, son avocate Maître Fatimata Mbaye a demandé, à plusieurs reprises, de lui rendre visite, mais elle n’a jamais reçu de réponse du ministre de la Justice. Mkhaïtir serait malade et aurait besoin de soins médicaux. Plutôt que de respecter l'ordre du tribunal, les autorités ont refusé de révéler où se trouvait Mkhaïtir et l'ont privé de tout contact avec le monde extérieur. Cela équivaut à une détention au secret. Le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a, à plusieurs reprises, critiqué la détention et la condamnation à mort de Mohamed Mkhaïtir. En 2017, il avait conclu que son procès était inéquitable et sa détention arbitraire.

En ne libérant pas Mkhaïtir au mépris du droit, le gouvernement mauritanien se présente comme le champion de l’orthodoxie islamique. Il se livre depuis lors à une surenchère rigoriste pour tenter de supplanter les islamistes sur leur propre terrain dans un contexte électoral où le régime a besoin du soutien des islamistes pour se maintenir au pouvoir. Il s’agit d’une concession politique faite aux islamistes alors que la Mauritanie n’a pas appliqué la peine de mort depuis 1987.

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