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Colombie
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Report de la signature finale des Accords de paix

Depuis plusieurs semaines le Réseau France Colombie Solidarités, dont l'ACAT est membre, est revenu sur les 6 points prévus à l'agenda des Accords de Paix. Nous savons à présent que l'accord final ne sera finalement pas signé ce 23 mars. Nous revenons ici sur les principales raisons de ce report.
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Le 23 septembre 2015, à La Havane, une poignée de main historique entre le président Juan Manuel Santos et le chef de la délégation des FARC, Rodrigo Londoño, alias « Timochenko », laissait penser que la fin des négociations approchait à grands pas. Le président Santos avait d'ailleurs annoncé une dernière ligne droite de six mois avant de signer l'accord final, au plus tard, le 23 mars 2016.

Depuis, de nouvelles avancées ont eu lieu comme la conclusion d'un préaccord sur la justice transitionnelle en décembre 2015 ou la validation, par le Conseil de sécurité de l'ONU, de l'envoi d'une mission internationale d'observateurs non armés pour surveiller la mise en œuvre des accords après leur signature et le désarmement effectif des acteurs armés. Cependant, l'échéance du 23 mars ne sera pas respectée : le processus s'est ralenti, alors que des questions majeures restent sans réponse à ce jour et que la situation sur le terrain demeure critique.

Quels sont les blocages?

Le report de l'accord final de paix est principalement dû à des divergences de points de vue et à des difficultés techniques sur deux questions :

  • Les « zones de concentration » : il s'agit de zones où les FARC pourront déposer les armes en sécurité, tout en permettant au gouvernement et aux observateurs internationaux de vérifier le bon déroulement de ces opérations de démobilisation et de désarmement. Si le Congrès a approuvé le 9 mars dernier la « Loi d'ordre public » qui permet juridiquement de constituer ces zones, ce vote n'a pas prise sur les négociations de La Havane : il faut encore que les FARC acceptent cette modalité. Il est essentiel également de définir quels territoires précis (entre 7 et 10) seront concernés et de le faire dans le respect des droits collectifs des communautés autochtones et afro-colombiennes notamment.
  • Le « plébiscite pour la paix » : c'est la formule souhaitée par le président Santos pour soumettre la validation des accords de paix au vote des Colombiens. Le blocage vient du fait que cette proposition a été faite à l'initiative du président et n'est en rien le fruit d'un accord entre les deux parties. Au contraire, les FARC sont plutôt favorables à la création d'une Assemblée constituante (voir notre communiqué sur ce point, en date du 14/03/16).

Quelles perspectives ?

Il est aujourd'hui certain que l'accord de paix définitif ne sera pas signé le 23 mars, même si des annonces seront sans doute faites pour expliquer ce délai supplémentaire et éventuellement annoncer une nouvelle échéance. Dans tous les cas, ce report n'est pas synonyme d'échec et le soutien au processus doit être réaffirmé. Néanmoins, nous pouvons légitimement exprimer certaines craintes, liées au contexte actuel et qui risquent d'être exacerbées si l'État colombien ne prend pas les mesures adéquates :

  • A mesure que les négociations avec les FARC avancent, les inquiétudes concernant d'autres groupes armés s'accentuent. L'une des craintes du « post-conflit » est que d'autres acteurs illégaux comblent le « vide » laissé par les FARC démobilisés. Des territoires entiers sont déjà convoités par la guérilla de l'ELN (Armée de libération nationale), des groupes paramilitaires ou de narcotrafiquants, pour y développer des trafics illicites.
  • Alors que les yeux sont tournés vers La Havane, les leaders sociaux en Colombie sont de plus en plus menacés dans leurs luttes pour les droits des paysans et la défense du territoire (face à l'exploitation minière notamment). La gauche colombienne est également visée. Durant la première quinzaine du mois de mars, 4 défenseurs des droits humains ont été assassinés. Dans un communiqué daté du 16 mars, l'Union européenne a demandé aux autorités colombiennes de « faire toute la lumière sur ces crimes et de poursuivre en justice les responsables », tout en soulignant le « rôle fondamental des activistes dans le contexte actuel du processus de paix ». Face à cette préoccupation grandissante, l'ONU s'est également engagée à assurer un suivi spécifique de la situation.

Chiffres clés

  • 12 leaders sociaux et politiques de gauche ont été assassinés depuis le 1er janvier 2016 ;
  • 63 défenseurs des droits humains ont été assassinés en 2015, selon l'organisation « Somos Defensores » ;
  • 472 leaders syndicaux, 628 défenseurs des droits humains et 131 journalistes ont été victimes de menaces en 2015, selon la « Defensoria del pueblo », l'institution publique chargée de la défense et de la promotion des droits humains.

Contacts presse :

  • Pierre Motin - Chargé des relations médias ACAT - 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 - pierre.motin@acatfrance.fr
  • Olivier Lagarde - Coordinateur du RFCS - 06.58.17.58.82 - reseaucolombie@gmail.com

 

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