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Le sort du blogueur Mkhaitir entre les mains du nouveau président

Le sort du blogueur mauritanien Cheickh Mohamed Ould Mkhaïtir, détenu illégalement au secret depuis le 9 novembre 2017, est dorénavant entre les mains du nouveau président de la République, le Général Mohamed Ould Ghazouani, dont la victoire au premier tour de l'élection présidentielle a été validée par la Cour constitutionnelle le 1er juillet 2019 avec un score de 52% des voix.
Mkhaitir
 
 

Le sort du blogueur mauritanien Cheickh Mohamed Ould Mkhaïtir, détenu illégalement au secret depuis le 9 novembre 2017, est dorénavant entre les mains du nouveau président de la République, le Général Mohamed Ould Ghazouani, dont la victoire au premier tour de l'élection présidentielle a été validée par la Cour constitutionnelle le 1er juillet 2019 avec un score de 52% des voix.

 

Le 9 novembre 2017, la Cour d'appel de Nouadhibou a annulé la condamnation à mort de Cheickh Mohamed Ould Mkhaïtir pour apostasie (datant de décembre 2014) et l'a condamné à deux ans de prison et à une amende, le rendant éligible à une libération immédiate étant donné qu'il avait passé près de 3 ans en prison (détenu depuis janvier 2014).

Ce jeune blogueur avait publié un article sur Internet dans lequel il questionnait l'utilisation de justifications religieuses pour légitimer la discrimination basée sur les castes en Mauritanie.

Refusant d'appliquer la décision de la Cour d'Appel, le gouvernement mauritanien a décidé, le 9 novembre 2017, de placer directement Cheickh Mohamed Ould Mkhaïtir en détention administrative dans un lieu inconnu du public, sans accès à ses avocats, prétendument pour "assurer sa sécurité physique" et pour des "raisons d'ordre public". Dans le même temps, le procureur de la République a fait appel de décision auprès de la Cour Suprême.

 Cheickh Mohamed Ould Mkhaïtir n'a jamais été libéré.

Pendant la campagne électorale de juin 2019, Mohamed Ould Ghazouani - aujourd'hui président de la République - ne s'est pas prononcé sur le sort de ce prisonnier d'opinion à l'inverse de plusieurs de ses adversaires qui ont rappelé le besoin d'indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir exécutif et du besoin de faire respecter les décisions de justice : Ce n'est pas "au président de la République de libérer ou de maintenir en prison, c'est à la justice d'appliquer le droit" (Mohamed Ould Maouloud, de la Coalition Changeons d'ère) ; "La décision de justice doit être appliquée à la lettre, et si cette décision stipule que Ould Mkhaïtir doit être libéré, il doit l'être immédiatement".

De son côté, le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz a publiquement justifié, lors d'une conférence de presse le 20 juin 2019, le maintien en détention du blogueur pour "sa sécurité personnelle aussi bien que celle du pays. Nous savons que du point de vue de la loi, il doit être libéré, mais pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons mettre en jeu la vie de plus de quatre millions de Mauritaniens. Sa remise en liberté signifierait laisser s'installer la pagaille dans le pays".

Pour l'avocat du blogueur, Mohamed Ould Moine, la justification du maintien en détention de son client pour des raisons de sécurité n'est pas recevable. Il s'agit selon lui, d'une "séquestration".

Le 21 juin 2019, douze organisations internationales - dont l'ACAT-France, ont écrit au président sortant pour lui demander de "prendre les mesures immédiates assurant que Mkhaïtir soit libéré" : Télécharger ce courrier (format PDF). Aucune réponse n'a été apportée à ce courrier.

Dorénavant le sort de ce blogueur est entre les mains du nouveau président mauritanien. L'ACAT-France continuera à se mobiliser afin de mettre un terme à cette "détention arbitraire" à l'instar de neufs experts des Nations unies, qui ont une nouvelle fois appelé le gouvernement de Mauritanie à le libérer conformément aux obligations internationales.

 

 

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