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En Angola, on vient faire du business, les droits de l’homme on s’en fout !

Au pouvoir depuis 1979, le régime angolais mène une politique de répression contre les voix contestataires de la société civile. Alléchés par des marchés prometteurs, la France et les autres partenaires commerciaux de l’Angola prennent bien soin de ne pas froisser le président en parlant « droits de l’homme ». Priorité au business ! Le géant pétrolier d’Afrique australe poursuit donc sa politique de répression dans un silence international assourdissant.
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2 juillet 2015. François Hollande arrive à Luanda, capitale de l’Angola, avec pas moins d’une cinquantaine de chefs d’entreprise venus participer à un forum économique franco-angolais. Moins de 24 heures plus tard, ils repartent avec un large sourire : plus d’un milliard d’euros de contrats signés. Victoire !

Après vingt ans de brouilles diplomatiques liées au scandale de « l'Angolagate », la France compte bien redevenir un partenaire solide de l’Angola et rattraper son retard face à d’autres pays tels que le Brésil, le Portugal ou l’Espagne. François Hollande est donc resté sagement fixé sur sa mission initiale : le business. A aucun moment dans ses discours publics, le président français n’a prononcé les mots « démocratie », « État de droit », « bonne gouvernance » et encore moins les mots « libertés fondamentales » et « droits de l’homme ».[1] Dommage, beaucoup de jeunes Angolais les attendaient de notre président. Mais, celui-ci était en mission commerciale…

Écraser la jeunesse dissidente


Deux semaines auparavant, quinze jeunes hommes – dont plusieurs rappeurs connus sur la scène nationale – avaient été arrêtés sans mandat à Luanda[2]. Leur tort : avoir participé à un atelier de réflexion sur les stratégies non-violentes de protestation contre le pouvoir.

La veille du déplacement de François Hollande en Angola, l’ACAT avait publié un  communiqué demandant au président français d’appeler à leur libération[3] .

Aujourd’hui, ces jeunes – pour la plupart membres de Central Angola 7311 ou de Movimento Revolucionario Angolano, deux mouvements prônant l’alternance politique par des voies pacifiques et démocratiques – sont poursuivis, malgré l’absence de preuve, pour «rébellion » et « attentat contre le président de la République », deux crimes passibles de 3 à 12 ans de prison selon le code pénal angolais. Jusqu’à preuve du contraire, se réunir afin de discuter d’un moyen pacifique pour favoriser l’alternance démocratique dans un pays ne constitue un crime ni pour le droit angolais ni pour le droit international. Malheureusement, en Angola, la Justice répond aux ordres du pouvoir exécutif…

Depuis 2011, les membres de ces mouvements font régulièrement l’objet de violences, d’intimidations, d’arrestations et de détentions arbitraires et de poursuites judiciaires iniques, dans le but de les faire taire et d’éviter que leur parole ne soit écoutée par le reste de la jeunesse angolaise.

Pour faire du business, mieux vaut se taire

Depuis 2011, seuls les défenseurs des droits de l’homme et quelques parlementaires européens dénoncent publiquement cette répression en rappelant qu’il ne saurait y avoir de véritable développement en Angola sans respect des libertés d’expression, de manifestation et d’association.

Mais l’affairisme des gouvernements occidentaux est comme un « trou noir » qui aspire toute velléité de critique de la politique angolaise. Le silence en échange de contrats juteux ! Le régime angolais intensifie donc sa politique répressive en toute quiétude. Le 22 juillet, quatre nouveaux militants des droits de l’homme et un correspondant local de la radio Deutsche Welle ont été arrêtés alors qu’ils rendaient visite aux quinze jeunes détenus à la prison de Calomboloca. Ces cinq visiteurs, accusés d’avoir voulu « faire de la politique dans l’enceinte de la prison », ont été remis en liberté après huit heures de garde-à-vue.

Jour après jour, l’espace de liberté d’expression, de manifestation et d’association se restreint en Angola. Jour après jour, les forces de défense et de sécurité, aux ordres des autorités au pouvoir, persécutent et intimident quiconque est soupçonné de dissidence politique, en violation des principes des droits de l’homme inscrits dans la Constitution angolaise.

Le 23 juillet 2015, dix-sept chercheurs internationaux spécialisés sur l’Angola ont publié une tribune dans le quotidien Le Monde pour dénoncer cette dérive autoritaire[4], en soutien aux nombreuses voix d’artistes, écrivains et chanteurs angolais qui réclament dans un message vidéo « Liberdade Já » (liberté immédiate)[5]  pour les quinze jeunes activistes.

François Hollande ne semble pas avoir été touché par ce message vidéo qui se répand comme un virus sur les réseaux sociaux. Aux dernières nouvelles, la France et l’Angola seraient en discussion en vue d’une coopération militaire technique… « L’Afrique, c’est un continent d’avenir », répète notre président. Certes, mais comme le rappelle la vidéo « la vraie richesse, ce sont les gens, pas les diamants et le pétrole ».


[1] Point presse au Palais présidentiel de Luanda : http://www.elysee.fr/videos/point-presse-au-palais-presidentiel-de-luanda/ et Discours devant la Communauté française de Luanda : http://www.elysee.fr/videos/discours-devant-la-communaute-francaise-de-luanda/