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Angola
Action

Faisons libérer le musicien engagé Luaty Beirão

Pour avoir organisé à son domicile un atelier de réflexion sur l'alternance démocratique en Angola, le jeune rappeur angolais Luaty Beirão a été arrêté en juin. Il est détenu depuis lors, accusé de "rébellion" et de "tentative de coup d'Etat".
luaty

Mise à jour du 5 janvier 2016 : Luaty Beirao et les activistes arrêtés en même temps que lui ont été assignés à résidence à la mi-décembre. Bien qu'il s'agisse d'un signe encourageant, nous continuons à demander leur libération immédiate, cette assignation à résidence étant elle aussi abusive.

Luaty Beirao nous a adressé un message de remerciement : "C'est beau de voir cette solidarité en France, pays qui m'a accueilli pendant 4 ans et dont je garde de très beaux souvenirs. Cela fait du bien de se rendre compte que nos actions ciblées à un niveau local finissent par avoir une répercussion globale. Gros merci pour cette mobilisation."

Débattre n’est pas un crime

20 juin 2015, banlieue de Luanda, Angola. Le rappeur engagé Luaty Beirão organise à son domicile un atelier de réflexion sur l’alternance démocratique. 13 autres jeunes activistes, pour la plupart membre de Central Angola 7311, une plateforme en ligne créée pour dénoncer les violations des droits de l’homme, y sont réunis pour disserter de techniques pacifiques de protestation.

Quelques heures plus tard, ils sont tous arrêtés illégalement, accusés de « rébellion » et de « tentative de coup d’État ».

Cette arrestation arbitraire, menée sans mandat, a été justifiée par le procureur de la République de l’Angola comme une opération visant à « prévenir un coup d’État ».

Pourtant, personne n’est dupe. Cette répression a pour unique but de restreindre l’espace de la liberté d’expression, de réunion et d’association, et d’étouffer tout mouvement contestataire.

Luaty Beirão : un combat pour la liberté et la justice

Depuis des années, Luaty Beirão utilise sa musique pour sensibiliser la jeunesse et porter des messages critiques sur le régime en place.

La misère s'immisce dans la masse critique

La critique se raréfie

Se dilue avec l'excès de démocratie

La démocratie se prostitue en flirtant avec la tyrannie

Et distribue ses graines au bétail pour ne pas fausser l'économie

Extrait de la chanson « La mort de l’artiste » de Luaty Beirão

Luaty a été à l’origine des grandes manifestations de 2011 contre la volonté du président de se maintenir au pouvoir. A ce titre, il a été pris pour cible à de nombreuses reprises par des militants pro-régime et par les autorités elles-mêmes. Au cours des quatre dernières années, son engagement et ses convictions lui ont ainsi valu diverses attaques à son domicile, agressions en pleine rue, menaces auprès de sa famille, passages à tabac, arrestations… Luaty Beirão paye cher le prix de son combat pour la liberté et la justice.

Etouffer les voix dissidentes

Le président de l’Angola, José Eduardo dos Santos, assis depuis plus de 30 ans sur une grande fortune, est peu disposé à engager une réflexion sur l’alternance politique.

En conséquence, les membres des mouvements citoyens qui prônent l’alternance font l’objet d’une répression continue. Un grand nombre de leurs militants ayant participé à des manifestations de contestation ont été intimidés, enlevés, frappés et torturés. Tout est entrepris par l’État pour les faire taire, et éviter une contagion de ces idées à l’ensemble de la jeunesse angolaise.

Emblème de cette résistance, Luaty Beirão est détenu dans une prison loin de ses proches depuis un délai bien supérieur à celui prévu par la loi.

Grève de la faim

Le 21 septembre, Luaty Beirão a débuté une grève de la faim pour dénoncer l’illégalité de sa détention. Le 2 octobre, il a été brièvement transféré à l’hôpital carcéral de São Paulo, mais il n’a reçu aucun soin. De retour à la prison de Calomboloca, son état de santé s’est détérioré. Le 5 octobre, Luaty Beirão a été officiellement informé qu’il était inculpé de « préparation d’une rébellion » et de « tentative de coup d’État ». Ces infractions sont passibles de trois ans d’emprisonnement. Le 9 octobre, Luaty Beirão a été, à nouveau, transféré à l’hôpital carcéral de São Paulo. Il a mis fin à sa grève de la faim le 27 octobre.

Ensemble, exigeons sa libération immédiate !