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Treize militants de l’IRA-Mauritanie injustement condamnés

Le 18 août 2016, la justice a condamné 13 cadres et membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) - association de lutte contre l’esclavage - à des peines de prison ferme allant de 3 à 15 ans, sur la base d'accusations infondées. Il s'agit à nouveau d'un procès mascarade destiné à réduire au silence une association qui gêne le régime en place.
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Le 12 / 09 / 2016

Le 18 août 2016, tard dans la nuit, la Cour criminelle de Nouakchott a condamné 13 cadres et membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) - association de lutte contre l’esclavage - à des peines de prison ferme allant de 3 à 15 ans pour « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ».

Le 29 juin 2016, des habitants d’un bidonville de Nouakchott, menacés d’expulsion, manifestent de manière spontanée. Des affrontements surviennent, durant lesquels une dizaine de policiers sont blessés et un véhicule brûlé. De nombreuses personnes sont alors arrêtées dans le quartier. Dans les jours qui suivent, entre le 30 juin et le 9 juillet, treize militants de l’IRA sont, à leur tour, arrêtés à leur domicile, à leur travail ou en pleine rue. Aucun d’entre eux n’a organisé ni participé à cette manifestation, qui a dégénéré. Cela n’empêche pas les autorités mauritaniennes de faire porter le chapeau de ces violences à l’IRA et à ses principaux cadres.

Amadou Tidiane Diop (vice-président de l’IRA), Abdallahi Abdou Diop, Abadalli Seck, Moussa Biram et Jemal Bleyil sont condamnés à 15 ans de prison ferme. Balla Touré (chargé des relations extérieures) et Hamady Lehbouss (porte-parole) à 5 ans de prison ferme. Mohamed Daty, Mohamed Jarroulah, Khrtzy Rahel, Ousmane Lô, Ousmane Anne et Ahmaed Hamar Vall à 3 ans de prison ferme. Ils sont également condamnés à payer une amende d’environ 94 000 euros.

N’acceptons pas cette volonté étatique de réduire à néant l’IRA-Mauritanie. Leurs treize militants doivent être libérés ! Mobilisons-nous en ce sens ! Tous à vos stylos !

Contexte

 

Une nouvelle opération visant l’IRA-Mauritanie et ses cadres

Les autorités considèrent l’IRA comme la responsable des affrontements survenus le 29 juin. Pendant plus d’une semaine, leurs militants sont placés en détention incommunicado : aucune visite autorisée, ni famille ni avocat ni médecin. Durant leur garde à vue, six d’entre eux sont torturés par des policiers (pieds et mains liés dans des positions douloureuses, suspendus par des cordes, pendant des heures). Bien qu’ils l’indiquent devant le tribunal, ce dernier n’entreprend aucune enquête sur ces allégations. La justice, peu indépendante, décide de faire juger rapidement les membres de l’IRA en optant pour une procédure en flagrant délit bien que les prévenus aient été arrêtés dans les jours suivants les faits. Dans la nuit du 11 au 12 juillet, vers les 4h30 du matin, ils sont entendus - sans avocats - par le parquet. Aux environs de 8h00, le procureur les inculpe de « rébellion, usage de la violence, agression envers les dépositaires de la force publique, appartenance à une organisation non reconnue ». Ils sont conduits à la prison de Dar Naim, située dans la capitale. Le 18 août, ils sont condamnés à l’issue d’un procès politique. Le but de ce procès : réduire au silence l’IRA, l’organisation la plus structurée de la société civile. Le 22 août, les avocats de défense déposent un recours en appel. Le 25 août, ils dénoncent un projet de transfèrement des prisonniers à Nouadhibou - ville située à 480 km au nord de Nouakchott - où les autorités souhaiteraient que l’appel ait lieu.

Une volonté de réduire à néant l’IRA-Mauritanie

Depuis la création de l’IRA-Mauritanie en 2008, les autorités mauritaniennes n’ont toujours pas reconnu le statut officiel de cette association malgré plusieurs demandes en ce sens. Au contraire, depuis plusieurs années, les membres de l’IRA font l’objet d’une vague ininterrompue d’intimidations, de menaces de mort, d’arrestations et de harcèlements judiciaires destinés à réduire à néant cette organisation qui développe ses antennes à travers tout le pays au sein de la communauté Harratine (musulmans négro-mauritaniens victimes d’esclavage) et au niveau international avec les associations de lutte contre l’esclavage. Entre janvier 2015 et mai 2016, le président de l’IRA, Biram Dah Abeid a été détenu 18 mois après une condamnation à 2 ans de prison pour une affaire montée de toute pièce par les autorités.

Vous pouvez agir en leur faveur en envoyant cette lettre.

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